OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Quand l’e-gouvernance aggrave la fracture sociale en Inde http://owni.fr/2011/07/15/bhoomi-egouvernance-inde-karnataka/ http://owni.fr/2011/07/15/bhoomi-egouvernance-inde-karnataka/#comments Fri, 15 Jul 2011 09:58:23 +0000 Alexandre Marchand http://owni.fr/?p=73605

Bhoomi. Le blason étincelant de l’e-gouvernance en Inde. Bhoomi. Une vitrine bien astiquée de démocratie moderne. Bhoomi. C’était presque trop beau pour être vrai.

Depuis 2001-2002, la base de données Bhoomi (“terre” en kannada) recense près de 20 millions de titres de propriétés foncières de fermiers de l’État sud-indien du Karnataka. Auparavant, le travail était effectué, à la main, par des responsables locaux en charge de plusieurs villages. Eux seuls pouvaient délivrer un titre de propriété (“Record of Rights, Tenancy and Crops”, abrégé “RTC”), sésame nécessaire à l’obtention de subventions, prêts bancaires, assurances… Dorénavant, toutes les données sont numérisées et centralisées en un réseau LAN reliant des agences couvrant les 177 districts de l’État. Il suffit donc de se rendre au kiosque où un agent s’occupe de la transaction, un écran montrant simultanément au client les manipulations effectuées.

La Banque Mondiale, un des fervents soutiens du projet, s’extasiait même en 2004:

Le projet Bhoomi (…) montre que mettre à disposition des citoyens les services du gouvernement, de manière transparente et efficace, leur donne les moyens de défier l’action corrompue et arbitraire de l’administration

Difficile de trouver une voix dissonante dans les commentaires laudateurs parsemant les sites officiels indiens. Et pourtant, tout est loin d’être aussi rayonnant dans le monde selon Bhoomi. Une étude, étouffée pendant de longs mois avant d’être rendue publique début 2007, tranche avec le discours public. Elle y montre comment la base de données, partant pourtant d’une bonne intention, a été accaparée par de gros promoteurs fonciers (que ce soit l’État ou des entreprises privées) à l’insu des populations rurales. Elle y démontre, de plus, que les objectifs premiers de Bhoomi (réduction de la corruption et des délais administratifs) n’ont pas été atteints.

Contacté par OWNI, le controversé créateur de Bhoomi, Rajeev Chawla, s’est contenté de réponses évasives et vagues.

Bhoomi e Governance

Corruption, délais: peut mieux faire

En réduisant et en centralisant le nombre de personnes habilitées à délivrer un RTC, la corruption, loin de diminuer, s’est maintenue. Quand elle n’a pas augmenté. Les employés des kiosques de Bhoomi, désormais en charge d’étendues relativement larges, ne sont plus soumis à la pression sociale du village qui jugulait leur appétit.

Parmi les six districts (taluks) étudiés autour de Bangalore, le schéma se confirme à chaque fois. Dans un des quartiers péri-urbains visés, par exemple, obtenir la mutation juridique d’un titre de propriété nécessitait auparavant une commission moyenne de 500 à 5000 roupies (7,5/75€). Avec Bhoomi, le pot-de-vin se monte à un minimum de 3000 à 5 000 roupies (45/75€) en temps normal, pouvant atteindre jusqu’à 15 000 ou 20 000 (225/300€) au moindre problème.

Le système ne bénéficie même pas de la rapidité informatique par opposition aux lourdeurs bureaucratiques d’antan. Les témoignages recueillis sur le terrain sont révélateurs. Pour la moindre action dépassant la simple obtention d’un RTC, un fermier doit maintenant compter deux à quatre mois et plusieurs visites à l’agence (donc autant de jours de travail en moins).

Faciliter le développement des grosses entreprises

Bhoomi touche au coeur d’un enjeu majeur du développement de l’Inde: la propriété de la terre. Le programme est utilisé comme un outil pour faire entrer le Karnataka dans l’ère de la mondialisation et attirer les entreprises à haute valeur ajoutée. Et là, le bât blesse. Dans la course à la croissance, les intérêts des grands conglomérats se heurtent souvent à ceux des populations locales, peu désireuses de quitter leurs terres et lucides quant aux promesses d’indemnisation.

La question de la propriété foncière est particulièrement prégnante à Bangalore. La capitale du Karnataka est l’équivalent indien de la Silicon Valley, le centre des grosses entreprises des technologies de l’information (“information technology” en anglais, IT). Il est donc vital pour le gouvernement local de ménager ces sociétés et de faciliter leur développement, notamment géographique. Infosys, Reliance Global ou encore ITC Infotech, pour ne citer que les plus importantes, sont notamment basées dans la ville . Ces fleurons de l’économie nationale jouent le rôle de locomotive d’une croissance indienne. Depuis plusieurs années, les dirigeants du Karnataka se sont donc lancés dans le vaste projet d’aménagement d’un “IT Corridor”: une zone, équivalente à 1,5 fois Paris, réservée aux entreprises d’IT.

Repérer les terres vulnérables

En centralisant la gestion des terres, Bhoomi facilite l’obtention d’informations pour la réalisation de gros projets fonciers de ce type. Il permet notamment de repérer les terres les plus vulnérables. Le but de cette restructuration des terrains: être le plus attractif possible aux investissements extérieurs. Même aux dépens des populations locales. Le fermier ne peut plus espérer peser sur la transaction, qui se faisait auparavant au niveau local.

60 à 70% de la population rurale de l’État dépend terres en défaut de paiement de taxes (pada). En raison de leurs faibles revenus, les petits fermiers n’ont généralement pas les moyens de lever ce statut (par un pot-de-vin ou le paiement de l’amende). Grâce à Bhoomi, des intermédiaires approchent ces fermiers pour leur proposer de lever la pada. En échange de quoi ils apposent leur nom ou celui de leur client sur le titre de propriété. Les terres pada étant classées en tant que sarakari (publiques) dans Bhoomi, leur acquisition est d’autant plus facile.

Quand l’État veut attirer les investisseurs

L’État du Karnataka joue ici un rôle crucial. Contrairement au secteur privé, les organismes publics (notamment le Karnataka Industrial Area Development Board, ou KIADB) détiennent le pouvoir de consolider un patchwork de terrains en une large parcelle.

Le KIADB est en droit d’acquérir n’importe quel terrain repéré par une des entreprises d’IT de Bangalore. Il lui suffit d’en notifier le propriétaire, qui ne pourra que très difficilement s’opposer à la mainmise sur ses terres. Selon des chiffres de 2005, le KIADB, aidé par des lois autoritaires, rachète des terres 18 000 à 23 000 euros/hectare aux fermiers, quand le prix du marché se situe entre 120 000 et 420 000 euros/hectare.

L’organisme public en profite d’ailleurs régulièrement pour s’emparer de plus de terres que nécessaire, une bonne partie du bénéfice allant alimenter le monument de la corruption indienne. Depuis 2009, le KIADB s’est ainsi procuré 37 000 hectares de terres agricoles, dont seuls 2 400 ont été redonnés à des projets divers.

La leçon de Bhoomi: dépasser la simple ouverture des données

Si nous voulons vraiment un gouvernement ouvert, nous avons toujours la lourde tâche de corriger les inégalités fondamentales et persistantes. Quelle que soit la fluidité avec laquelle elle circule, l’information seule ne suffit pas

Dans une récente tribune, le magazine américain Wired brandissait le cas de Bhoomi en (contre-) exemple des problématiques de l’ouverture des données. Le programme représente indéniablement un effort salutaire d’harmonisation et de numérisation des documents administratifs. Et pourtant cette e-gouvernance s’avère être un outil redoutable aux mains des forces qui modèlent le Karnataka d’aujourd’hui et de demain: seule une certaine frange des citoyens possède les aptitudes pour décrypter et utiliser cette nuée d’informations. Au risque de se retourner contre ces mêmes populations qu’elles sont censées protéger, les révolutions numériques ne peuvent résolument, en aucun cas, se dispenser d’une justice sociale.

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Illustrations: Flickr CC PaternitéPas de modification Clara Giraud PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification Alexandre Marchand

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E-direct de l’e-G8 http://owni.fr/2011/05/24/direct-eg8-sarkozy-internet/ http://owni.fr/2011/05/24/direct-eg8-sarkozy-internet/#comments Tue, 24 May 2011 15:54:27 +0000 Andréa Fradin, Ophélia Noor, Guillaume Ledit et Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=64309 Cet article sera mis à jour tout au long de cet e-G8, par notre e-OWNIteam \o/

Retrouvez les points les plus importants:

- Notre grille de Bullshit Bingo

- “Ne faites pas de mal à Internet”

Tuyaux, propriété intellectuelle, et le ton monte

- La société civile organise sa propre session

- Un déjeuner à l’É-lysée

- Et maintenant?


Un immense chapiteau en forme d’Algeco géant, des centaines d’invités, des petits fours Lenôtre, quelques gros bonnets descendus de leur tour d’ivoire (Didier Lombard traversant le buffet), le décor de l’e-G8 est solidement planté. Tout a commencé par une allocution attendue de Nicolas Sarkozy, chaudement accueilli par Maurice Lévy, le P-DG de Publicis et président de l’événement. “Ce forum est historique”, s’est emballé le publicitaire, visiblement ravi de jouer les maîtres de cérémonie. “Internet doit être libre des contraintes et responsable”, a-t-il ajouté, pour mieux introduire le président de la République.

Premier enseignement du Sarkozy 2.0: s’il a abandonné le concept impopulaire d’“Internet civilisé”, c’est pour mieux lui préférer la notion d’“Internet responsable”, une subtilité rhétorique qui a traversé l’ensemble de son allocution. Après avoir remis en question l’Hadopi lors de l’installation du Conseil national du numérique le 27 avril dernier, le chef de l’État a de nouveau durci le ton, érigeant le droit d’auteur, la propriété intellectuelle et la lutte contre les monopoles au rang de priorités. Dans l’entourage du président, on refuse de livrer le nom de la plume qui a couché ces bons mots (pas plus qu’on ne veut donner les noms des quelques chefs d’entreprise privilégiés qui ont déjeuné à l’Élysée ce midi) . Entre autres morceaux choisis, on peut isoler ceux-ci:

Vous avez besoin d’entendre nos lignes rouges au nom de l’intérêt général de nos sociétés.

Personne ne doit pouvoir être exproprié [...] de sa propriété intellectuelle.

Vous (les acteurs d’Internet, ndlr) ne pouvez pas vous exonérer de valeurs, de règles minimum.

Afin de tenir une comptabilité précise, nous avons imaginé une petite . Libre à vous de l’imprimer et de remplir le tableau de marque.

Après avoir loué les soulèvements arabes qu’il aurait pourtant évacué d’un revers de main il y a quelques semaines (“Internet est devenu l’échelle de crédibilité d’une démocratie, ou l’échelle de honte d’une dictature”), Nicolas Sarkozy a été apostrophé par le journaliste américain Jeff Jarvis. Il lui a demandé de prêter serment:

Do not harm the Internet / Ne faites pas de mal à Internet

Interrogé par OWNI, Jarvis regrette que le président ne l’ait pas pris au sérieux. En sus, il estime que “les gens de l’Internet auraient du organiser leur propre sommet”, en regrettant l’omniprésence de la sphère industrielle.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Dans le même temps, quelques autres voix dissonantes se faisaient entendre, comme celle de Yochai Benkler, éminent professeur de droit à Harvard, qui a fustigé l’“absurdité de la loi Hadopi”. Même Eric Schmidt, le directeur exécutif de Google, y est allé de son refrain contestataire, en exhortant les Etats à ne pas légiférer trop tôt, parce que “la technologie avance plus vite que les gouvernements”. Ces belles intentions n’ont pourtant pas permis de redresser le niveau d’une séance “Internet et société” dans laquelle Jimmy Wales, le fondateur de Wikipedia, a du ferrailler avec Facebook ou Groupon. Tenant d’un réseau ouvert, Tristan Nitot, M. Mozilla en Europe, nous a fait part de sa satisfaction d’être invité, tout en s’agaçant de la composition des panels et “qu’on passe sous silence ce qui n’a pas de valeur financière”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au vu du débat, difficile de lui donner tort. Stéphane Richard, patron d’Orange (qui est l’un des deux plus gros sponsors de l’e-G8), a profité de sa présence dans cette plénière sur les implications sociétales du Net pour imposer un thème qui lui est cher: la contribution des fournisseurs de service dans le financement des infrastructures, sur un argument simple, en forme de double lame:

Sans les réseaux Internet n’est rien [...] Internet n’est pas qu’une question de libertés, c’est une question d’argent.

Après cette incursion dans l’épineuse question de la netneutralité et des tuyaux (pendant laquelle Google et Apple en ont pris pour leur grade), on a pu assister à l’apothéose de cette première journée: la discussion sur “la propriété intellectuelle et l’économie de la culture à l’heure du digital”. Dans le coin droit, Antoine Gallimard, Pascal Nègre (président d’Universal), le patron de la Twentieth Century Fox, celui de Bertelsmann et Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture. Dans le coin gauche, un invité surprise, John Perry Barlow, cofondateur de l’Electronic Frontier Foundation, une association américaine qui défend les libertés numériques.

Sans surprise, le débat “apaisé” a vite tourné à la foire d’empoigne. Tandis que Pascal Nègre défendait son fonds de commerce en affirmant que le Net “crée des déserts culturels”, Barlow répondait par un soupir:

Mon Dieu, je ne vis pas sur la même planète.

John Perry Barlow, seul contre tous?

Pendant que la salle, coupée en deux, applaudissait tour à tour chaque camp, et que dans la salle, Andrew Keen (l’auteur du Culte de l’amateur) jouait avec jubilation sa partition de troll, Jérémie Zimmermann, le porte-parole de la Quadrature du Net, apostrophait vigoureusement un panel décidément attaché à ses bas de laine.

L’orage passé, John Perry Barlow nous confie qu’il a été invité à participer à cette plénière à la dernière minute: Lawrence Lessig, pape des Creative Commons et professeur de droit à Stanford, devait tenir la place du gardien du temple, mais Frédéric Mitterrand aurait fait barrage à sa présence. A l’e-G8, tout le monde a droit à la parole, mais pas de la même façon.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Mercredi, sur le coup de 11h, quelques représentants des internautes ont décidé de tenir une conférence de presse sauvage en marge des débats. Face à un parterre d’une quarantaine de personnes, six intervenants ont pris la parole pour défendre “un Internet ouvert et libre”:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

“Je suis surpris qu’un événement français soit aussi américain”, a ironisé Lessig, avant de s’en prendre à l’ “audace de Nicolas Sarkozy, qui consiste à demander à de gros industriels quel doit être le futur d’Internet”. De son côté, Yochai Benkler a évoqué l’opposition de deux camps, qui s’affrontent “depuis quinze ans”:

Il y a d’un côté un camp ancré dans le XXe siècle qui a peur du changement, de l’innovation. Ces grandes compagnies veulent que le camp adverse, celui d’un réseau décentralisé, distribué, se plie à leurs exigences.

Sur une tonalité alarmiste, Jeff Jarvis s’est dit “effrayé par ces deux jours”. Pour lui, “Internet n’est pas l’affaire des gouvernements”. Tandis que Lessig soutenait que le Net “a très bien réussi à s’auto-éduquer”, Jérémie Zimmerman s’en est pris aux sponsors de l’e-G8, et Susan Crawford a souligné “l’absence de consensus sur le contrôle d’Internet”.

En aparté, Lawrence Lessig a explicité plus précisément son point de vue sur le barnum parisien, en expliquant notamment les déboires de Google aux États-Unis:

Quand vous voyez le mode d’organisation de cet événement, on peut parler de ploutocratie. Bien sûr, il faut écouter les grosses compagnies, mais elles ne jouent que la carte du profit. La question est la suivante: comment transformez-vous radicalement la façon dont les gouvernements fonctionnent? La réponse des États-Unis est très étroite d’esprit, et Google s’y heurte sur de nombreux sujets. Mais je ne leur fais pas confiance pour autant. Ce qui est inscrit dans leur patrimoine génétique, c’est le profit maximal.

Hier, la rumeur bruissait dans les allées de l’e-G8: Nicolas Sarkozy s’était entouré d’une vingtaine d’entrepreneurs pour partager son déjeuner élyséen. Une photo, publiée sur le site de l’Elysée, permet d’identifier ces joyeux convives.


La légende n’étant pas complète sur le site du Palais, nous avons identifié les individus présents sur la photo. Il nous en manque encore deux (les points d’interrogation dans la liste ci-dessous), aidez-nous à les retrouver!

De gauche à droite, premier rang:

Craig Mundie (Microsoft), Maurice Lévy (Publicis, Sharon Sandberg (Facebook), Nicolas Sarkozy, ?, Sunil Bharti Mittal, Sun Yafang (Huawei)

De gauche à droite, deuxième rang:

Joe Schoendorf (Accel Partners), Thomas H. Glocer (Thomson Reuters), Klaus Schwab (World Economic Forum), Eric Schmidt (Google), Ben Verwaayen (Alcatel-Lucent), Jimmy Wales (Wikipedia), Arthur Sulzberger (New York Times), ?, Rupert Murdoch (NewsCorp)

De gauche à droite, troisième rang:

Michel de Rosen (Eutelsat), ?, Xavier Niel (Iliad/Free), Stéphane Richard (Orange), Paul Hermelin (Capgemini), John Donahoe (eBay), Yves de Talhouët (Hewlett-Packard)

Après Tristan Nitot, le représentant européen de la fondation Mozilla, Mitchell Baker, sa présidente au niveau mondial, a accepté de répondre à nos questions. Elle estime que l’e-G8 pose la question de la relation entre les gouvernements, les internautes et les citoyens, et s’interroge notamment sur les moyens de représenter “les deux milliards d’individus qui ne participent pas encore à Internet”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

A quelques heures des recommandations finales, Bertrand de La Chapelle, membre du board of directors de l’ICANN (l’organisation chargée d’attribuer les adresses IP à travers le monde), nous a livré son impression sur ce mini-sommet d’Internet. Spécialiste des modes de dialogue entre les différents acteurs du secteur, il livre une analyse plutôt optimiste:

D’ordinaire, le G8 ne compte aucun acteur civil. Quelque part, cela rappelle l’initiative de 2000, quand le rassemblement des chefs d’Etat avait convié une “DOT Force” (Pour Digital Opportunity Task Force), composée d’un représentant de la société civile et d’un autre des entreprises, et ce pour chacun des huit participants. Il faut donc se poser la question en ces termes: quelles sont les enceintes pour parler d’Internet au niveau mondial, sur des sujets transfrontières, complexes et non-linéaires ? Avec cet événement, un espace de débat vient de se coller au G8, un laboratoire dans la lignée du Forum sur la gouvernance d’Internet. Les tensions sont normales, mais les gouvernements ont besoin d’inputs, de retours et de compétence technique.

Bertrand de La Chapelle tient par ailleurs à insister sur un point, la nécessité d’un dialogue “entre trois catégories d’acteurs, les gouvernements, les entreprises, et la société civile”. Une interpénétration qui échappera un peu à la “conversation” entre Maurice Lévy et Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, arrivé directement de l’Elysée, où Nicolas Sarkozy le recevait à l’heure du déjeuner.

Pendant 45 minutes, on a assisté à une confrontation assez molle, “un publicitaire interviewant un des plus gros supports publicitaires”, comme le dira non sans une pointe d’ironie un fin connaisseur du numérique français. Devant une audience assez largement fascinée par la réussite du petit génie d’Harvard, le tycoon même pas trentenaire a défendu son entreprise dans ce qu’on appellera une keynote gentiment interactive. Telle une rockstar en roue libre, le jeune milliardaire (27 ans) a délivré un discours bien rôdé sur les vertus du partage, sirotant son Gatorade entre deux questions du public qu’il ne comprenait pas toujours. T-shirt gris, jean, baskets, le cador de la Silicon Valley cultive son image, à l’image d’un Steve Jobs, qui ne sort jamais publiquement sans son pull à col roulé et ses New Balance. Mais au moment d’évoquer la régulation, Zuckerberg préfère botter en touche.

En guise de dessert, tous les sponsors – dont une partie ira jouer les messagers à Deauville – se sont retrouvés sur l’estrade, pour exposer leurs conclusions. Maurice Lévy a déploré le bilan de certaines discussions (“Je ne comprends pas vraiment cette phrase”), les opérateurs ont prêché pour leur paroisse (rarement en faveur de la neutralité), et Ben Verwaayen, le directeur général d’Alcatel-Lucent, a eu ce dernier éclair de lucidité :

Ici, nous nous sommes encore parlés à nous-mêmes.


:

- Andréa Fradin: @fradifrad
- Ophélia Noor: @noorchandler
- Olivier Tesquet: @oliviertesquet
- Guillaume Ledit: @leguillaume

Crédits photo: CC Ophélia Noor pour OWNI, illustration de Une et Bullshit Bingo CC Elsa Secco pour OWNI

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Spotify : le freemium devient rentable ? http://owni.fr/2010/12/06/spotify-le-freemium-devient-rentable/ http://owni.fr/2010/12/06/spotify-le-freemium-devient-rentable/#comments Mon, 06 Dec 2010 10:56:34 +0000 Philippe Astor http://owni.fr/?p=28617 Une perte nette de £16,6 millions (19,6 M€) à rapporter à un chiffre d’affaires de £11,3 millions (13,3 M€) : ce sont les résultats de Spotify Ltd, l’entité commerciale principale de la compagnie, et opérateur du service de streaming de musique à l’échelle européenne.

Révélé par le site Music Ally la semaine dernière, ces chiffres laissent le doute subsister quand à la rentabilité du modèle économique freemium. Mais les prévisions encourageante de l’exercice 2010 pourraient changer la donne.

Le service de musique en ligne Spotify, qui a encore enregistré de lourdes pertes en 2009, pourrait bien atteindre l’équilibre en 2010. A condition que la forte progression des abonnements et de la publicité enregistrée sur les neufs premiers mois de l’année se soit poursuivie jusqu’à fin décembre.


Les comptes officiels de la filiale britannique de Spotify, Spotify Ltd, font état d’une perte nette de £16,6 millions en 2009 (19,6 M€), pour un chiffre d’affaires de £11,3 millions (13,3 M€). Ces résultats rendent compte des performances de la start-up de musique en ligne sur l’ensemble des territoires européens où elle est présente (Royaume-Uni, Suède, France, Espagne, Finlande, Norvège, Pays-Bas).

Selon son bilan, dont nous nous sommes procuré une copie intégrale (PDF), Spotify Ltd est en effet l’opérateur direct du service de streaming dans tous ces pays et la principale entité commerciale de la maison mère Spotify Technology SA, basée au Luxembourg.
Dans le détail, les revenus engrangés par Spotify Ltd en 2009 proviennent à 60 % des abonnements, à hauteur de £6,8 millions (8 M€), et à 40 % de la publicité, à hauteur de £4,5 millions (5,3 M€). Au 31 décembre 2009, Spotify revendiquait 7 millions d’utilisateurs, dont 250 000 abonnés, soit un taux de conversion en utilisateurs payants de 3,57 %.

Les coûts de vente de la société, qui couvrent notamment les sommes versées aux ayants droit, se sont élevés à £18,8 millions sur la période (22,1 M€), auxquels se sont ajoutés des coûts de distribution et les dépenses administratives, pour un montant global de £8,8 millions (10,3 M€).

Forte progression de l’abonnement

Fin octobre, Spotify indiquait à Music Ally avoir versé 40 M€ aux ayants droit depuis son lancement, dont 30 M€ sur les huit premiers mois de l’année 2010. Une indication que le chiffre d’affaires de la compagnie, qui revendiquait 601 000 abonnés à fin septembre 2010, dans un document confidentiel adressé à certains ayant droit auquel ElectronLibre a eu accès, aura nettement progressé cette année.

Selon l’évolution du nombre d’abonnés à Spotify, révélée dans ce document, le chiffre d’affaires lié à l’abonnement était déjà de l’ordre de 35 M€ en septembre 2010. Il pourrait atteindre environ 55 M€ fin 2010 si l’objectif déclaré de 770 000 abonnés est atteint, ce qui est en bonne voie. Soit une progression de 587 % sur un an.


Le chiffre d’affaires publicitaire de Spotify aura-t-il progressé dans les mêmes proportions dans l’intervalle ? Les documents dont nous disposons nous permettent de calculer qu’au huitième mois de l’année, les abonnements avaient rapporté 28,5 M€ à Spotify, qui a reversé environ 70 % de ce chiffre d’affaires aux labels, soit près de 20 M€.

C’est-à-dire les deux tiers des droits que la compagnie a déclaré avoir payé en 2010 à cette date. 10 M€ de droits proviendraient donc de la publicité, sur le chiffre d’affaires de laquelle Spotify reverse 50 % aux ayants droit ; soit un CA publicitaire pouvant être estimé à 20 M€ sur les huit premiers mois de 2010, et qui pourrait donc s’établir autour de 30 M€ sur l’ensemble de l’année. Il afficherait ainsi une progression de l’ordre de 660 %. Le chiffre d’affaires global de Spotify Ltd devrait ainsi s’établir autour de 85 M€ en 2010.

Équilibre en perspective

Dans ces conditions, la start-up suédoise pourrait très vite devenir profitable en Europe, avec une proportion croissante de ses revenus en provenance de l’abonnement, qui s’avère beaucoup plus rémunérateur pour les ayants droit, et un taux de conversion en abonnés payants qui devrait se situer autour de 6,5 %. Une ambition que son PDG, Daniel Ek, a déjà affichée publiquement.
En se basant sur notre estimation des revenus publicitaires et d’abonnement de la compagnie en 2010, elle devrait reverser un total de 53,5 M€ aux ayants droit cette année ; le solde (31,5 M€) permettant largement de couvrir ses autres coûts d’exploitation (la part des coûts de vente qui ne relève pas des royalties à payer, les coûts de distribution et les dépenses administratives), pour peu qu’ils ne s’envolent pas.

Leur marge de progression supportable, pour parvenir à l’équilibre dès 2010, est selon nos calculs de l’ordre de 45 %. De là à considérer que Spotify est sur le point de démontrer la rentabilité de son modèle freemium, il n’y a qu’un pas, qui pourra certainement être franchi dès que Spotify Ltd aura publié son bilan 2010.

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Cet article a été initialement publié sur Electron Libre

CC flickr : pedroarilla, Johan Larsson, louisvolant

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Pascal Nègre : “On a une image d’hommes préhistoriques” http://owni.fr/2010/12/04/pascal-negre-on-a-une-image-dhommes-prehistoriques/ http://owni.fr/2010/12/04/pascal-negre-on-a-une-image-dhommes-prehistoriques/#comments Sat, 04 Dec 2010 00:25:46 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=37957 Lorsque Pascal Nègre sort un livre (Sans Contrefaçon, titre gracieusement accordé par son amie Mylène Farmer) qui revient sur sa carrière, de ses débuts sur une petite radio de la région parisienne à son ascension au poste de P-DG de la première major de France, l’occasion est trop belle. OWNImusic en a donc profité pour le rencontrer et l’interroger sur les questions qui animent voire secouent l’industrie dont il est une des incarnations emblématiques.

L’homme, affable, est relativement facile d’accès et accueillant. Du haut de son bureau du Vème arrondissement, nous abordons des sujets qui font polémique et parfois même fâchent. Si l’échange est parfois animé, M. Nègre nous assure qu’il n’est “jamais en colère, mais convaincu”.

Le parti pris de notre interview était moins de parler du livre et de l’auteur (sur lesquels vous pourrez trouver de nombreuses critiques plus ou moins élogieuses) que d’entendre les positions de l’un des hommes les plus puissants de l’industrie musicale en France. Une industrie qui, comme chacun sait, subit des mutations fondamentales.

Nous avons délibérément choisi de vous donner accès à l’intégralité de notre entretien [PDF], qui a duré près d’une heure quinze au lieu de la demi-heure initialement prévue. Preuve que même si nos avis divergent (et ce fut souvent le cas au cours de cet entretien), rien n’empêche d’échanger avec un chef d’entreprise souvent décrié.

Pascal Nègre, un homme affable

Nous rencontrons Pascal Nègre au cours d’une semaine qui s’annonce historique pour les charts anglais. L’ancien boysband Take That, reformé et revenu à son succès d’antan, a sorti son nouvel album quelques jours plus tôt et est en passe de battre les records de ventes pour une première semaine. Il s’en est finalement vendu 520 000 en sept jours, soit la meilleure première semaine depuis Be Here Now d’Oasis en 1997… un jackpot pour Universal, la maison de disques du quintette britannique. C’est un beau prétexte pour interroger leur patron sur cette différence notable entre anglais et français: pourquoi ceux-ci achètent-ils toujours autant de disques ? 

Les anglais ont une relation totalement différente à la musique. Posséder de la musique est quelque chose de culturellement fondamental.

“Alors évidemment après il y a des débats mais pourquoi ? Ça n’est en tout les cas pas parce qu’on a loupé quelque chose puisque c’était le cas dans les années 60, dans les années 70 et ainsi de suite. J’ai souvent abordé le sujet en demandant pourquoi. Certaines personnes ont une analyse assez originale qui consiste à dire que le 45 tours était un support surpopulaire en Angleterre dans les années 60, tandis qu’en France c’était un support acheté par les classes moyennes. Alors j’en rajoute un peu et je n’aime pas ces termes, mais la musique, c’était vraiment un truc de prolo en Angleterre. En France, ceux qui achetaient un 45 tours étaient dans la classe moyenne.

L’autre argument étrange consiste à dire qu’en France, nous avons toujours eu besoin pour développer des carrières d’artistes, d’avoir des textes alors qu’en Angleterre un ‘love me yeah yeah yeah’ on s’en fout complètement pourvu que ça bouge. La mélodie est plus importante.”

Certes, mais on peut s’interroger sur le virage du numérique, largement pris par nos voisins d’outre-Manche (et d’ailleurs), mais plus poussif chez nous. Monsieur Nègre ferait-il preuve de mauvaise foi lorsqu’il évoque “la taille du gâteau” pour expliquer les différences de chiffres entre les deux marchés ? Certainement. On ne saurait trouver satisfaisant le fait de vendre 7000 ou 8000 titres quand on est en pôle position des classements quand dans d’autres pays aux marchés comparables au notre le numéro 1 des charts réalise 100 000 ventes hebdomadaires.

Logique donc d’évoquer un thème que nous avons déjà largement abordé sur OWNImusic : l’éducation musicale. On pourrait imaginer que les patrons de majors prennent conscience qu’avec un système d’éducation musicale plus efficace, ils pourraient profiter d’un public plus cultivé, demandeur de musique et bénéficier ainsi d’un vivier d’artistes plus compétents. Pascal Nègre développe son analyse de l’environnement culturel dans lequel il évolue:

“Là, c’est un long combat et pourquoi [...] ? Eh bien parce qu’en France, le culturel, (ça veut dire le respectable) c’est évidemment la plupart du temps le livre. Et la France est un pays d’écrivains. Ensuite, c’est le film. Parce qu’historiquement la France, à juste titre d’ailleurs, depuis le Front Populaire, a mis en place des systèmes d’aide au cinéma pour que le cinéma français existe. Dans la musique, le culturel, c’est la musique classique. Je me rappelle de mes cours en cinquième ou sixième où on nous faisait écouter les grands œuvres classiques, ce qui est très bien d’ailleurs. Mais voilà, en Angleterre, les Beatles font partie du patrimoine, c’est aussi important que pour nous Victor Hugo. Mais alors là mon pauvre, pour changer les mentalités, y’a du boulot.”

L’analyse étant plutôt pertinente, nous osons interroger notre interlocuteur sur la possibilité pour les industriels de la musique de participer à l’amélioration du système de l’éducation musicale en France (voir notre entretien avec Didier Lockwood). “Alors on peut dire avec notre petit niveau ‘faites des efforts’…mais alors là… [...] J’explique dans mon livre que notre poids économique est faible [...]”.


Pascal Nègre est PDG de maison de disque et non conseiller du ministre de l’Éducation Nationale, il est bien plus loquace sur les thématiques orientées business. Nous abordons alors les sujets qui nous animent chez OWNImusic, parmi lesquelles le marketing et la monétisation à l’heure d’Internet. En commençant par le concept du “pay what you want” (ou prix libre), le chef d’entreprise se réveille : “ça ne fait pas rêver”, nous dit-il lorsque l’on prend l’exemple, pourtant positif, du groupe anglais Radiohead.

Moi je pense que la “vraie” révolution de la distribution numérique c’est l’abonnement.

“Donc à partir de ce moment là, le Pay What You Want n’a même plus de sens parce qu’en fait c’est, “paie un accès à tout ce que tu veux”. Ce n’est plus “tu paies pour telle création”, mais “tu paies pour avoir accès à toutes les créations et tu prends ce que tu veux”. Ça c’est le premier point, et le deuxième point qui est intéressant pour moi avec l’abonnement et en particulier avec tout ce qu’est en train de développer Spotify, c’est l’échange des playlists et donc c’est le partage, qui était la deuxième idée. La musique, c’est l’écouter et la partager.”

Alors que le peer-to-peer remet en question la notion de partage depuis une dizaine d’années, que signifie “partager” selon Pascal Nègre ? Il est assez clair que cela n’a rien à voir avec une idée d’échange à l’infini entre internautes consentants:

“Quand on partage, c’est volontaire. Je vais partager mon dîner avec vous et j’en suis ravi. Si vous déboulez chez moi et vous vous asseyez à ma table alors que je ne vous ai pas invité alors là, ça ne s’appelle pas du partage. [...] Ensuite [...], et c’est sûrement mon côté égoïste, mais je partage avec les gens que je connais. Donc [...] avec le Peer to Peer vous ne partagez pas.”

On est donc tenté de nuancer ce concept de partage et de le reconsidérer au côté de la notion plus appropriée de recommandation. Ce que M. Nègre lie à ce qui constitue pour lui l’avenir de la musique enregistrée : l’abonnement aux services de streaming. “(…) Moi, ce que j’aime, parce que dans les propositions d’abonnements (n’oubliez pas que ce marché digital il est tout jeune, il est tout petit) c’est que c’est prévu. C’est à dire que vous pouvez vraiment partager. Vous échangez des playlists et là, pour moi, il y a une notion de partage.”

On en vient enfin à saisir la vision de l’homme d’affaires sur le futur de son secteur. Comme si la bataille de la vente de musique en tant que produit d’appel était presque perdue, il nous explique:

[mon] métier aujourd’hui, c’est de vendre des disques et des téléchargements. Demain, ce sera que ce soit écouté.

La nuance n’est pas insignifiante, puisqu’elle induit la nécessité d’une réelle réflexion stratégique dont on peut douter que les majors aient pris la mesure.

“on a une image d’hommes préhistoriques, alors qu’on est à l’inverse des pionniers, c’est à dire qu’on est les premiers à avoir essuyé les plâtres, qu’on est en train de travailler, de trouver les modèles, à la fois de ‘comment je vais vendre, comment je vais diffuser et monétiser’, parce qu’on a besoin de ça, et parallèlement à ça, on est d’une modernité absolue dans la manière dont on travaille aujourd’hui, le community management… Pour vous dire, ça fait un certain nombre d’années que ça existe chez nous, comment on travaille, comment on crée des blogs, comment on fait monter la sauce…”

Pas franchement convaincus malgré la verve certaine de notre hôte de la matinée, nous continuons à croire que les majors tâtonnent encore dans leur appréhension du digital, plus de dix ans après l’apparition de Napster et consorts. Si les initiatives valorisant les contenus (telle la web TV “OFF”, lancée par Universal cette année, qui propose du contenu exclusif de ses artistes) commencent à apparaître, elles restent des initiatives isolées et bien tardives. La justification de ce retard, si elle peut sembler sincère s’avère quelque peu maladroite :

Créer des contenus, c’est facile, mais si à un moment je crée des contenus et que ça me coûte une fortune… [...] Effectivement, Off c’est peut être pas très original mais j’ai l’impression qu’on est les premiers à faire ça…

Si nos avis respectifs divergent quant aux nouveaux usages, nous restons persuadés que la notion de monétisation, et par là-même la rémunération des artistes et le maintien d’une réelle économie autour des contenus culturels, est le nerf de la guerre dans ce débat.

Sur le chapitre primordial de la monétisation des contenus et de la rémunération des ayant-droits, M. Nègre s’inscrit en farouche opposant à la licence globale. “Il y a deux raisons. D’abord, en tant que citoyen, je ne vois pas pourquoi on me taxerait alors que je n’écoute pas de musique [...]”

“Deuxième raison : ca favorise qui ? Les gros. Alors vous allez me dire, ‘vous êtes complètement crétin, vous êtes la plus grosse maison de disque avec les plus gros artistes, vous pourriez en profiter’. Oui, mais non. Parce qu’on est le premier producteur de musique classique dans le monde, premier producteur de jazz dans le monde, on est le plus gros producteur de nouveaux artistes dans le monde. On est la maison de disque, en France et à l’international qui signe le plus de nouveaux artistes.” Ici, M. Nègre fait allusion au système de répartition des revenus liés à l’exploitation de la musique, qui, dans le cadre d’une licence globale, s’effectuerait par le biais de sondages effectués auprès des internautes. Nous ne pouvons nous empêcher de constater que la répartition actuelle des droits perçus auprès des radios et autres usages publics sont approximatifs et dépendent largement de la bonne foi des déclarants.

Allez, accordons tout de même au patron l’intention “louable” de maintenir un certain niveau de diversité au sein de sa major. Croyez-le ou pas, Universal ce n’est pas que les vaches à lait de type Black Eyed Peas ou Mylène Farmer :

Chez nous et il y a pleins de disques qu’on vend à trois-cents exemplaires et j’en suis très fier parce que ça fait partie de mon travail éditorial, c’est à dire de position par rapport à la création, à la culture… et la culture c’est la diversité.

On entend souvent que les revenus générés par le live constituent une planche de salut pour les artistes. Pourraient-ils alors envisager de délaisser les enregistrements studio, et, cassant le modèle traditionnel, se contenter de tourner sans fin pour aller chercher l’argent là où les consommateurs veulent bien encore le mettre, sans possibilité de piratage ?

Évidemment nous nous devions d’évoquer l’HADOPI, qui même si elle n’est pas le fait des seules majors, ne pouvait être ignorée dans cet entretien. La loi, dont on ne peut objectivement pas mesurer les résultats pour le moment, et au moment où les plateformes légales développées en parallèle commencent à faire leurs preuves, constitue l’un des sujets que Pascal Nègre a incarné en raison de sa position tant professionnelle que médiatique. M. Nègre commence par une mise au point sur la genèse de la loi :

“Excusez-moi mais HADOPI, ce ne sont pas les majors. Ce sont des députés, des sénateurs qui ont mis deux ans pour la voter. Parce qu’entre les accords de l’Elysée, c’est logique, il n’y a pas que la musique, il y a le film, le cinéma, la télé et excusez moi mais les fournisseurs d’accès aussi sont comptés dans cette liste. Donc voilà, premier point. Deuxième point, l’HADOPI, c’était l’idée que l’Etat officiellement dise ‘attention, pirater, ce n’est pas légal.’ C’est un point qui est important et visiblement, il y a des gens qui l’ont entendu. Il s’agit, à un moment, de dire ’si vous voulez que la création existe, il faut qu’elle soit financée et à un moment, aller pirater, c’est pas terrible’.”


Ainsi que nous nous y attendions, il nous prône la dimension pédagogique de la loi. Celle-ci s’attaquant avant tout aux réseaux de peer-to-peer, des moyens de piratage déjà obsolètes, détournés voire supprimés (dans le cas de Limewire par exemple), la légitimité d’engager de telles dépenses aux frais du contribuable est-elle vraiment justifiée ?

“Dix millions, vous trouvez ça beaucoup pour sauver une industrie dans laquelle 75 000 français travaillent ? (…) [Il y a] cinq millions de personnes qui travaillent dans le milieu culturel en Europe. Cinq millions de personnes qui sont liées à la création de contenus, c’est gigantesque. Et se poser la question de la piraterie c’est aberrant ? Non, ce n’est pas aberrant. (…) Moi je vois de la pub en permanence sur l’artisanat donc voilà, ça ne me choque pas de voir de la pub sur “attention, la création a un sens, elle a une valeur”.

Cette somme n’aurait-elle pas pu être investie dans l’innovation technologique, servir à développer des services légaux appropriés, qui dès qu’ils sont suffisamment qualitatifs et adaptés aux usages, détournent automatiquement les éventuels “pirates” des téléchargements illégaux ? La réponse fuse :“Je veux bien que l’État finance de l’innovation technologique et je trouve ça très bien. Mon angoisse, c’est que malheureusement, l’innovation technologique ne vient pas de chez nous.” (…) Quand vous voyez que vous êtes sur Deezer, sur FNAC.com et Itunes.com en France, et qu’il y en a un qui n’a pas le même taux de TVA que l’autre…” L’innovation technologique n’est en effet pas taxée aux États-Unis comme elle l’est en Europe.

Nous avons rapporté ici les points fondamentaux de notre long entretien avec Pascal Nègre. Nous vous invitons à en lire la retranscription complète [PDF].

Interview réalisée et éditée par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet.

Illustrations CC FlickR par Jonathan_W, Beverly & Pack,Steve.M~, ottonassar

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http://owni.fr/2010/12/04/pascal-negre-on-a-une-image-dhommes-prehistoriques/feed/ 16
6 conseils pour réussir votre promo musicale http://owni.fr/2010/10/21/6-conseils-pour-reussir-votre-promo-musicale/ http://owni.fr/2010/10/21/6-conseils-pour-reussir-votre-promo-musicale/#comments Thu, 21 Oct 2010 09:27:14 +0000 Benoit Darcy http://owni.fr/?p=27142 Très inspirant l’article de Dexter Bryant Jr, récemment paru sur Artist House Music comme extrait de son eBook dédié au Music Business et dont voici une libre adaptation… A mon sens, il s’agit d’une bonne synthèse d’un marketing musical réussi, décomposé en 6 phases : distribution, conscience, découverte, crédibilité, engagement et maintient d’attention. Cette dernière notion englobe d’ailleurs tout le reste. Comment peut-on ainsi juger du succès d’un plan marketing en musique ? Tout simplement lorsqu’on se trouve en présence d’un artiste qui a sû susciter l’intérêt, attirer l’attention, la maintenir, et la transformer en ventes.

Distribution, point de départ essentiel

A moins d’évoluer dans les circuits de la musique dite « libre », le marketing se justifie par la nécessité de monétiser une oeuvre, en un mot : vendre… Sur le Web, et dans le domaine de la musique, les deux points de ventes principaux sont iTunes et Amazon. Y proposer sa musique à la vente est l’assurance d’accéder à une base de millions de prospects. Votre plan marketing va servir à convertir ces prospects en clients.

Vous faire entendre…

L’awareness est une notion très vaste. On peut la traduire en français par conscience, ou plutôt « le fait d’avoir conscience de ». Il est bien sûr compliqué, réducteur et peu élégant d’appliquer cette notion à un artiste mais l’awarness se rapproche le plus de la notion de pénétration de marché. Les facteurs déterminants pour qu’un public ait conscience de l’existence d’un artiste sont :

En premier lieu la garantie de pouvoir écouter les titre de l’artiste facilement et si possible gratuitement.
En second lieu une raison de provoquer la découverte. Ces raisons peuvent être variées : une référence à un autre artiste (une collaboration, une reprise), une cause (l’artiste s’engage auprès d’une association pour soutenir une oeuvre caritative), l’appartenance à un groupe affinitaire…
Les bras armés de l’awareness sont multiples : du bouche à oreille au relations presse, en passant par le buzz, le street-marketing et, peut être l’arme la plus efficace de toutes : une bonne vieille tournée qui va exposer l’artiste aux quatre coins du pays.

Suscitez la découverte par la recommandation

L’une ne va pas sans l’autre. Acceptez-le, à l’heure du Web, il y a forcément quelqu’un qui vous aura parlé de ce nouvel artiste à découvrir. Ne serait-ce qu’un algorithme sophistiqué de recommandation comme celui de last.fm ou de Spotify. Pour maximiser la chance que tel ou tel artiste soit découvert, faites en sorte qu’il soit facilement trouvable sur le Web, et qu’il soit présent là où se trouvent les communautés de défricheurs, ceux pour qui la découverte de nouveaux artistes est presque plus importante que l’écoute de l’œuvre elle même. Les réseaux sociaux sont évidement une destination de choix, d’autant qu’il y est plutôt facile de renvoyer les auditeurs réceptifs vers les points de ventes évoqués plus haut.

Devenir une référence par d’autres références

Au delà de l’affinité artistique, la présence dans un projet d’un artiste ou d’un producteur connu ou reconnu peut ouvrir des portes supplémentaires à un artiste en développement. Il s’agit ici de jouer le point par la bande et de créer un cercle vertueux : plus des entités (marques, personnes, etc.) s’intéresseront ou s’associeront à votre artiste, plus celui-ci gagnera en visibilité et attirera l’attention. Plus l’artiste sera visible, plus il intéressera de monde.

C’est ici le règne du co-branding : tout comme une marque de lessive est recommandée par une marque de lave-linge, un artiste peut être recommandé ou associé à une marque éloignée du monde musical. Un exemple récent de ce genre d’association est par exemple l’opération Plasticines / Jennyfer… Quelques requêtes sur Google vous permettront de prendre conscience que l’opération a été relayée par des centaines de blogs qui ont parlé de l’association et qui par là même ont offert au groupe une visibilité importante hors des médias musicaux. C’est aussi le regne du label, au sens premier du terme. Le fait d’avoir été nominé à tel ou tel classement est une distinction suffisante pour servir de prétexte à une mise en rayon et ainsi un moyen d’accroitre les chances de transformer des prospects en clients.

Faire de vos auditeurs des fans engagés et fidèles

Voici les notions les plus fondamentales du web moderne. En musique, on emploie souvent le terme de Direct2fan pour désigner le fait qu’un artiste puisse lui-même créer, consolider et entretenir une base de fans. Ici, c’est pourtant le marketing direct qui règne en maître, avec ses deux mamelles indissociables : la constitution de bases d’adresses emails, et la collecte de données personnelles. Il ne s’agit pas forcément de vouloir récupérer des informations de paiement ou autre données sensible, juste des informations utiles dans la gestion d’une carrière d’artiste.

Par exemple, une fanbase géolocalisée permettra de mieux connaître la répartition du public potentiel dans un pays. Ainsi, les tournées pourront être optimisées : les bides évités et les dates supplémentaires mieux anticipées. Côté artiste, il est important de qualifier sa base : savoir quels sont les titres qui ont été le plus écoutés permettent d’affiner une setlist, de mieux préparer la sortie d’un EP précédant la sortie d’un album, etc.

Pour qualifier une base de fans dont vous avez préalablement recruté les emails, les moyens sont variés : organisez un concours de remixes, un concours de clips, proposez, le lendemain d’un concert le téléchargement de son enregistrement moyennant l’inscription à un formulaire. Croisez les données des réseaux sociaux aux adresses emails.

Aujourd’hui, une application Facebook permet d’amener un fan à laisser son adresse email pour bénéficier d’une newsletter privilégiée. Vous pourrez alors via Facebook Connect récupérer un certain nombre d’informations socio-démographiques et compléter son profil… Les moyens sont multiples et ne sont limités que par votre imagination et par votre capacité informatique à traiter et croiser toutes les données ainsi recueillies (= la puissance de votre outil de CRM).

Captivez l’attention et maintenez l’intérêt

Vous êtes arrivés à capter l’attention. C’est bon, mais pas suffisant. Puisque la carrière d’un artiste ne se résume pas à un simple single (je parle ici de projets sérieux, pas de hold-ups…), vous devez entretenir la flamme, en proposant de nouveaux contenus. Inutile et dommage de tout dévoiler d’un seul coup, considérez la sortie d’un EP, voire de plusieurs EP avant la sortie d’un album, lequel devra sortir idéalement avant un concert « majeur ». C’est parce que vous avez du contenu pertinent ou inédit à délivrer aux fans que vos campagnes de recrutement et de fidélisation seront efficaces. De manière évidente, dans le cas d’un artiste connu et reconnu, les leaks (l’album se retrouve on ne sait comment sur le Web, dans son intégralité, et ce des semaines avant sa sortie et son exploitation commerciale) sont dévastateurs. Essayez de les éviter…

Un exemple récent de ce mode opératoire est incarné par le cheminement du groupe Reimois The Bewitched Hands Of the Top Of Our Heads. Il se trouve que je les ai découvert en 2008 grâce à leur titre Tonight placé dans l’album de Yuksek. J’ai immédiatement accroché et j’ai ensuite croisé plusieurs fois le groupe dans des festivals comme à FNAC Indétendances, au festival des Inrocks ou au Main Square d’Arras. La promotion par leur label a démarré cet été. Depuis, des titres uniques ont été dévoilés (très facile à réaliser : il suffit de donner l’exclusivité de la diffusion à un média, ici RCRDLBL), un EP Hard to Cry est sorti, puis un titre, Sea, a été offert en échange d’un like et d’une adresse email. Ensuite, c’est le clip de cette même chanson offerte qui a été dévoilé (via une « exclusivité » donnée aux Inrocks, reprise dans la journée par quelques blogs et médias spécialisés).

Plus fort encore, le clip annonce la sortie d’un deuxième EP, ce à moins de 10 jours de la sortie de l’album ! L’attente des fans est à son paroxysme ! Il ne reste plus qu’à attendre le 25 octobre pour retrouver l’album dans les bacs, et le 8 novembre pour retrouver le groupe au Zénith. Brillant…

La clé est de donner suffisamment pour rassasier mais pas suffisamment pour frustrer positivement : créer l’appétence. A quelques semaines/jours de l’échéance d’une sortie, augmentez la cadence pour faire en sorte que le fan soit en alerte maximum, forcé à rester actif et à s’engager pour être sûr de ne pas passer à côté d’un contenu dévoilé en amont de cette sortie. Tout l’art de maitenir l’attention réside dans un processus de gestion de l’offre (le contenu qu’a produit l’artiste) et de la demande (l’envie des fans d’en avoir toujours plus).

Là encore, l’effet de surprise, combiné à une bonne campagne de RP, un soupçon d’email marketing supporté par une pincée de publicité peut être la clé d’une belle réussite…

N’hésitez pas à enrichir cet article avec votre vécu et vos exemples, les commentaires sont ouverts…

Crédits photos :  flickr cc HelgadoMaury.mccownIvanzuber

Article initialement publié sur le blog de Benoit Darcy: zdar.net

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http://owni.fr/2010/10/21/6-conseils-pour-reussir-votre-promo-musicale/feed/ 38
Excerpt from The Working Smarter Fieldbook http://owni.fr/2010/07/13/excerpt-from-the-working-smarter-fieldbook/ http://owni.fr/2010/07/13/excerpt-from-the-working-smarter-fieldbook/#comments Tue, 13 Jul 2010 15:51:52 +0000 Jay Cross http://owni.fr/?p=21852 Why bother?

Smart companies prosper. Clueless companies die. Brains make the difference.

Organizations that continuously exercise and improve their collective brainpower come out on top. This Fieldbook aims to show you how to increase your organization’s intelligence.

Until recently, most of the collaboration and development that fuels the growth of individual and group braininess was haphazard. Our goal is to bring this activity into the sunlight and suggest ways you can take advantage of it.

Who should read this book?

This is a book for business managers who want to build workforces that improve performance naturally, without prodding. It’s a fresh look at how people become competent in their work and fulfilled in their professional lives.

In our mind’s eye, we are telling these stories to hands-on managers, people with titles such as sales manager, operations supervisor, project leader, and product manager. People in IT and marketing will also profit from the stories here.

We foresee a convergence of the “people disciplines” in organizations. As the pieces of companies become densely interconnected, the differences between knowledge management, training, collaborative learning, organization development, internal communication, and social networking fade away. Anyone who invests in brainpower to improve organizational performance can benefit from the messages in The Working Smarter Fieldbook.

That said, this book is not directed to doctrinaire training directors or workshop instructors. It’s impossible to learn something you think you already know. Besides, they will find our message threatening. Learning is way too important to delegate to the training department.

What can you achieve with this book?

Boosting brainpower is both a profit strategy and the key to organizational longevity.

Raising corporate IQ reduces time-to-performance, improves customer service, boosts sales, streamlines operations, and increases innovation. Intelligent organizations naturally motivate their workers to give their best. People who know how to learn effectively adapt to changing conditions as they occur.

Pragmatic and grounded in experience, this is a re-think of how upgrading an organization’s brains can increase profits, spur innovation, and help businesses prosper.

A toolbox

Years ago, Stewart Brand published The Whole Earth Catalog to provide “access to tools.” It listed all manner of interesting and oddball stuff, from windmill kits to hiking sox to books like Vibration Cooking. The Catalog didn’t tell readers how to live their lives; it merely described things that might help them to do their own thing. Feedback and articles submitted by readers made each edition better than its predecessor.

The Working Smarter Fieldbook follows the tradition of The Whole Earth Catalog. Harold, Jane, Clark, Charles, Jon, and Jay provide access to the tips, tricks, frameworks, and resources that we’ve used to help organizations work smarter. Our goal is to put together an irresistible package of advice.

An unbook

This is an unbook. Unbooks are never finished.

Rather than hold things back until they’re “ready,” unbooks come out while the ink is still wet. You have in your hands the sixth version of Working Smarter. Revisions come out several times a year. An unbook has the freshness of a periodical and the depth of a book. If you choose to subscribe, buy a new copy next year. You can track major changes and additions at internettime.com to see if it’s worth it.

With most books, it’s take it or leave it. If you have an issue with a traditional author, you can send a letter to the black hole known as a publisher. The world changes, but the book is frozen in time. That’s another reason unbooks are in perpetual beta.

Expect some rough edges and redundancy in this version. Join the typo team and email us when you come across errors or confusing passages. Send feedback, large or small, to jaycross@internettime.com. Better still, become a co-author. Your input is welcome.

Jane Hart, Harold Jarche1, Clark Quinn, Charles Jennings, Jon Husband, yours truly, and other friends and colleagues collaborated to write this unbook. Our thoughts are inextricably intertwined. Nobody’s so smart that they wouldn’t do better with the help of others. In nonfiction, the concept of a single author is a conceit we can do without.

Let’s get into it. There’s no time to spare. Time is all we have.

In business, words are words; explanations are explanations, promises are promises, but only performance is reality. Harold Geneen

Working Smarter

Our objective is to help your organization work smarter by taking advantage of its collective brainpower.

Working smarter is the key to sustainability and continuous improvement. Knowledge work and learning to work smarter are becoming indistinguishable. The accelerating rate of change in business forces everyone in every organization to make a choice: learn while you work or become obsolete.

The infrastructure for working smarter is called a workscape. It’s not a separate function so much as another way of looking at how we organize work. Workscaping helps people grow so that their organizations may prosper. Workscapes are pervasive. They are certainly not lodged in a training department. In fact, they may make the training department obsolete.

Organizations must stop thinking of learning as something separate from work. The further we get into what Dan Pink calls the conceptual era1, the greater the convergence of working and learning. In many cases, they are already one and the same.

Workers in a workscape learn by solving problems, coming up with fresh thinking, and collaborating with colleagues. They don’t learn about these things; they learn to do them.

The workscape is the aspect of an organization where learning and development become never-ending processes rather than one-time events. A workscape is a learning ecology. The workscaping viewpoint helps knowledge workers become more effective professionally and fulfilled personally. A sound workscape environment empowers workers to be all that they can be.

No, no, no. Learning is the work, not apart from the work.

Workscapes match flows of know-how with workers solving problems and getting things done. They are the aspect of workplace infrastructure that provides multiple means of solving problems, tapping collective wisdom, and collaborating with others.

Workscapes are not a new structure but rather a holistic way of looking at and reformulating existing business infrastructure. They use the same networks and social media as the business itself.

Technology is never the most important part of this. Foremost are people, their motivations, emotions, attitudes, roles, their enthusiasm or lack thereof, and their innate desire to excel. Technology, be it web 2.0 or instructional design, social psychology, marketing, or intelligent systems, only supports what we’re helping people to accomplish.

Got the idea? Okay, I’m going to stop putting workscape in italics. Think of workscapes as an inevitable part of every organization.

As business de-emphasizes industrial-era command-and-control systems to make way for agile, sense-and-respond networks, the structure of business adapts to its new environment.

Terra Nova

England’s New Forest is called new because it was built in 1079 by that well-known Johnny-Come-Lately, William the Conqueror. William wanted an oak forest for hunting. Timber would be required for building ships centuries later. He was thinking long term; let’s follow his example.

Free yourself from day-to-day worries for a few minutes, and join us for a tour of the learning landscape five years hence, in 2015.

We will call our destination Terra Nova, Latin for “new world.” Within five years, the world will have changed so radically, you will not recognize it. It is a new era and it is right around the corner.

Agricultural age: manual labor by individual farmers, 8,000 BCE -
Industrial age: machine-assisted manual labor in factories, 1760 -
Information age: white-collar knowledge work in offices, 1949 -
Terra Nova: creative collaborative innovation in networks, 2012 -

In the industrial age, bosses issued instructions and told workers2 they were not paid to think. This is the ultimate in push, for people deal with what is pushed upon them.

In the information age, people were encouraged to think, but only “inside the box,” that is, complying with narrow sets of procedures and rules. Workers were empowered – within strict bounds. Assignments still drifted down from the top. This is still primarily push.

In Terra Nova, Push and Pull combine to create a dynamic flow of power, authority, know-how, and trust. Change is so fast and furious that work and learning blur into one activity. Workers respond to novel situations as best they see fit, governed by organization values and gut feel.

Terra Nova is holistic, with significant decision-making power delegated to the workers themselves. “Power to the people” could be its rallying cry.

The industrial age was top-down, explicit, and focused on efficiency. By contrast, Terra Nova supplements hierarchy with networks…. (This goes on for another 300 rollicking pages.)

Buy it.

This article was initially published on Internettime.com

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http://owni.fr/2010/07/13/excerpt-from-the-working-smarter-fieldbook/feed/ 5
Well, what is a good digital music strategy? http://owni.fr/2010/05/25/well-what-is-a-good-digital-music-strategy/ http://owni.fr/2010/05/25/well-what-is-a-good-digital-music-strategy/#comments Tue, 25 May 2010 18:00:44 +0000 Virginie Berger http://owni.fr/?p=16397 Version anglaise d’un article qui le mérite, dans lequel Virginie Berger nous donne l’ensemble des stratégies applicables en ligne pour les groupes de musique, ou ceux qui les entoure. Le document PDF est également disponible.

This article is also available in PDF and on Slideshare

What does it mean to be an artist in 2010? What is a record company? A music company? A recorded music company? How do we define and work on music marketing within an ever-changing environment?

“And what about music?” you might ask me. Surely, music is the core of everything. The artist should be able to offer a type of music in a place where someone will want to listen to it.

If only I had a good digital strategy...

Define your objective

First of all, you can’t throw yourself into marketing action, as small as it may be, without defining your objectives beforehand. It doesn’t mean you have to draw a 5 years business plan. But you need to define the results you expect from your action. What is your objective behind your action? Is it to improve your online presence? OK, but what for? Touring? To be signed? Do you want to sell records, products relating to your music (i.e: merchandising), gig tickets? How many? Why are you on Twitter? What are your expectations?

At present, we are witnessing an excess of actions in the music industry. Are there any results at the end of the day? What is the most important key? Time spent on actions or the final results from the actions?

Most people get frustrated with their online results because they confuse tactic and strategy. It seems that they prefer getting into action, even before defining the reason of their actions. My father used to tell me: “A vague objective leads you to perfect stupidity.”

Back to basics

Before starting off, let me remind you of a few tiny things:

> Not only do fans want to connect with your music, but they also want you to connect with them.

> Three steps for your expansion: getting attention, getting connected, and getting monetized.

> Adding value to what you create is the only way to compete with free of charge products.

> Cwf + RtB = $$$ (Connect with Fans + give them a reason to buy = monetization)

> Why get attention and get connected to your fans? Because the biggest issue in the music industry is not actually about the    price, but about the millions of content that is available. Nobody knows what to listen to and from what source? Which is why being visible and create a community space will give you a way to make money.

> You can’t force people to get into a relationship with you. But, on a daily basis, you can prove to them you are worth it!

Don’t forget: you don’t have to follow EVERY SINGLE thing I am describing. Focus on what’s important to you in terms of your objectives.

So, let’s get down to business: what will you learn from this white paper?

> If you are a band but don’t have a website, then you have just failed your career

> MySpace is so 2004, but it’s still a good idea to create your MySpace page

> Facebook, but why?

> Knowing your fans is vital, but what is the best data-analysis?

> Why register on Bandcamp? Because it’s like MySpace but slightly better

> You might not be Lady Gaga, but you can learn how to get 1 million of viewers on Youtube

> Why email and newsletter are still a weapon of mass seduction?

> Nobody uses Twitter but it reaches everybody

> Flickr, Wikipedia, Deezer, Spotify… strange words but you should use them!

> SEO is not a disease but a medicine actually

1 – Your Website

Everything goes very fast. What is hype now might not be in a near future (Don’t believe the Hype, never!)

MySpace was supposed to revolutionise the music industry. Now it’s Facebook (if you don’t have your fan page honey, then walk on the wild side), Twitter…

Some years ago, it looked very chic to own your MySpace URL. Not anymore. Twitter does. OK, but where will be Twitter in a few months time or a few years time? And what about the augmented reality? What for exactly?

To sum it up, what will you gain from it? ROI (Return On Investment) must be higher that your time spent on your action making. If not, it would mean you made a mistake about your action.

This is why your website has to be the core of ALL your online strategy.

Whatever exists, social networking, blogs, microblogs, your website only must be at the centre of it all. Microblogging will never replace blogging. MySpace will never replace your website. Staying uniquely on MySpace will NEVER get you to know your fans.MySpace is like a display that should lead them somewhere else. Mind you, social networks and your website are perfectly complementary. You need them all. Your external presence and outwards links must lead to your website.

A – Renew your content and offer it

Most of artists’ sites don’t offer their fans and visitors a real experience on their websites. They are usually static and motionless, and rarely updated. Your site has to be a channel of diffusion and distribution. It allows you to get connected to your fans, to get to know them, follow them and interact with them.

You should update it on a regular basis, so it matches the image you wish to project. You have to offer: photos, videos, music (I take responsibility for it: offer music). Your fans and visitors chose to come to your website, so they can meet you. But if you are not around, the experience won’t be rewarding for either of you. Fans won’t be waiting for two years, or in between albums, to receive news from you. You have to be there.

Offer as much content as possible. Then again, OFFER… unknown recordings, studio or unplugged recordings… Get someone to shoot some footage of you. Not only onstage but outstage as well. Before or after a gig. You discovering a town. Make podcasts explaining what inspires you. Don’t hesitate to comment on your gigs. Allow your visitors to be able to contact you or comment everywhere. Wall, email, forum. Open your diary and update your gigs dates, TV and radio promotion.

B – Create a blog

Creating a blog allows you to be closer to your fans. Do not hesitate to post info, comments, music links you like. Let your viewers share your articles on Facebook, MySpace… Blogging has lots of advantages. Ask an artist who likes your music to say so (i.e.: Sigur Ros/Fanfarlo, Passion Pit/John Mayer). Your presence is multiplied and you are improving interaction with your fans. You can post different types of contents, with key words, so your online presence is increasing thanks to SEO (we’ll talk later about it).

But careful, again the blog is not your website. It can’t be your unique online strategy. It’s complementary. Do not hesitate to tease your viewers, play with them and inspire them.

C – Let’s talk about your site

1 > Music has got to be central. It might sound obvious, but I can ensure you that most of the time it is not.
2 > If you are not sure about which platform to use, try Soundcloud. Their Player is even customisable.
3 > Let your fans upload and embed their own videos, photos, remixes, comments, etc…
4 > You might want to use Wordpress as a tool for publication.
5 > Don’t forget your “shopping” page. A tool like Bandcamp will take care of everything (I’ll give you more details on #3). I would like to lure you on Exsonvaldes French group Bandcamp. Now Bandcamp combines on your website.
6 > Your web page design has to be light and fast.
7 > Drop Flash. It is a SEO jilt. It gives sore eyes and prevents navigation from a mobile. You can try CSS. Flash, for a whole website, was OK in 2002…
8 > Drop any complicated things as well that will force your viewer to wait for 5mn before getting on your site. (S)he wants to see you rapidly. Don’t we live in a simple era? Ipod is a rectangle with a circle. Google is a research application. Internet users are experimented and want to be fast. A 5mn loading time might flatter the artist ego, but you are losing contacts here.

Best artist sites: www.nin.com, www.weezer.com, www.fanfarlo.com, www.cyrilpaulus.com.

2 – Social Networks

In regard of social media marketing, I don’t agree with many “gurus” who pretend that social networking is the only way to make it as an artist.

In my opinion, it shouldn’t because social media is a fan management extension. Social networking’s purpose is about building a bridge between you and your fans who will then use words of mouth to “promote” you: positively or not.

Therefore, it’s better to look for your fans and build up your online social presence. The main objective is to get your fans on your website. That way they can discover you, share, interact and buy (which is the point actually)…

A – About Myspace

To be straightforward, MySpace is not dead yet. An artist can still do many things on it. So MySpace remains the n°1 site for artists and evolving bands. I have to admit I am not a great fan of it, but an artist can and has to use it.

Looking into the statistics, MySpace keeps growing. It is not as significant as the previous years but its growth is still ongoing.

MySpace is still a vital element for people to find you and discover your music.Why? First, it is very well listed on Google. And also, it is very useful to have a profile when you have no time, nor the competences, nor the finances to build your website. However, a poor and not updated profile will make you lose contacts.

1 > You wish to customize your background. Why not. But you don’t have to. The simpler you keep your background, the faster it will open. Therefore fans or record companies will find what they want.
2 > If you are CSS/HTML competent, get rid of MySpace Player which is the most non-user friendly around. Better to register on Soundcloud and use it on MySpace, so you can use its Player and all its functions (I don’t work for Soundcloud).
3 > No more than 3 videos with Youtube links. I don’t need to see more. If I do, I’ll go to Youtube (that links to your website, doesn’t it?)
4 > Thank you for leaving the layout as it is. There is a good reason for its design. Looking for the mail box if I want to contact you, but you changed its design and its place… is quite nerve racking!
5 > Write a clear and visible email address on your profile. I prefer to contact you directly rather than MySpace email customer service. I am not even on MySpace anymore and I have no intention to create a profile if I feel like speaking to you. Like many of us.
6 > Try to avoid Flickr slideshows. MySpace photo album is better. Again, simplify, simplify!
7 > Ping.fm or Artistdata are good sites to synchronize your updating.
8 > Say “Hello”, answer questions and communicate!

Using MySpace as a contact centre is a good idea. Don’t forget to indicate clearly your email address on your profile as well as your manager/tour organiser contact if you have one. Also, don’t forget to write your website URL and/or your Bandcamp page (even though you might not have a website, be visible on Bandcamp). That way, people will discover you and if they need to know more about you, they will link to your webpage or Bandcamp page.

B – About Facebook

If you still haven’t got a Facebook fan page, here are some stats that might make you change your mind:

1 > More than 400 millions active users
2 > 50% of active users log in once a day
3 > 55 minutes per day is the average time spent on FB
4 > Over 1,6 millions FB fan pages have been created
5 > In terms of traffic, FB is ahead of Google

Looking at those figures and knowing that Google uses social networks (social content) in order to fix web pages ratings in its result pages, your FB absence should be hard to justify! You have to build your fan page wondering why people would want to join you.

a – Update your content on a regular basis. Give your fans a good reason to come back on your page.

1 > Do not hesitate to post new articles/reviews from your blog onto your FB wall.
2 > You can use a service like ping.fm in order to update your network in one go, FB as well as Twitter.
3 > You can install a widget on your Youtube and Flickr channel. That will synchronize automatically your videos and images on your FB fan page.

b – Get in touch with your new visitors

For the new ones, a wall can be intimidating. It’s like entering a new room in which everyone knows one another and talks about issues that you know nothing about.

So, before sending your new visitors on your fan page wall, send them to a landing page (a kind of Welcome) on which you can explain who you are and what you do… the “Like” button will be highly visible of course! You can use the Tigerlily application to build your landing page.

c – Launching a contest

If you want more fans, you have to give them a pretext to become one. How to do so? A competition! Competition for the best T. shirt graphics, best album cover, photo, etc = job opportunities, commitment and loyalty.

Watch out: since November 2009, FB guidelines have changed. You will need to follow a process and obtain consent before launching a contest.

d – Give your fans something they won’t find anywhere else

> Box sets

> Live gigs on your page

>  remixes

> Exclusive discounts (i.e.: Fanfarlo offering his album @ $1 for a few days…)

e – Do encourage interaction

> Straightforwardly, if your communication is not interactive and if you don’t exchange anything, your fan page won’t be a success.

> You can ask questions to your fans and seek their opinions

> Draw a survey

> Incorporate applications, games, quizzes

> Share! Do not hesitate to post info from other FB users that are the most relevant

Here are some interesting applications to use on FB:

Involver

ReverbNation – My Band

Poll Daddy Polls

Selective Tweets

Twitter/Facebook synch

Nimbit MyStore

C – About Twitter

Over 80% of the public would rather follow their “friends” recommendations if they wanted to see a film or buy an album than trust publicity or mags reviews. Twitter has become the first advisor in relation to the cinema box office. It’s becoming similar in relation to music…

Twitter shouldn’t be seen as a simple promotional tool for single talk. When creating your profile, mind your bio. People will decide to follow you according to what you wrote on your bio. Make sure you mention your website on your links (I do mean your website!).

On Twitter, you also have to make offers when building your community. Follow people who are likely to have an interest in what you do. Participate to debates. Keep doing it even though few people might join at first. You can post your comments, your photos (twittpic). Answer your fans. Do not hesitate to talk about other issues than music and gigs. If you don’t post your gigs dates, your time as an artist might be shortened.

Have a look on Amanda Palmer Twitter (@amandapalmer), the Dresden Dolls singer. This is an excellent use of Twitter. She talks to her fans, sells her merchandising ($19 000 in a month time)

Have a look as well on what does Charly de Charly et sa Drôle de Dame (@charly_sddd), a rising and DIY artist. Little by little he is taming Twitter and is creating his small community, sharing info that is not always about him.

So, what to do on Twitter:

1. Share what you are doing: post links, take photos

2. Tell us what’s happening

3. Share your info and other people info

4. You can ask questions and seek advice

5. Look for those who talk about you via the Twitter research function, follow them and answer their questions

6. If you also use a private Twitter, you can send special offers to your followers

7. Update in case of problems (site not working, gigs problems, etc.)

8. Launch a contest

Have a look on @noushskaugen Twitter (1,2 millions of followers!!). She is a DIY unsigned artist. In her article, she talks about Twitter, social media and connecting with fans.

Have a look as well on @trent_reznor Twitter or @lcdsoundsystem who twittpics studio recordings photos, etc.

D – About Flickr

Flickr is the first photo community in the world, used by over 300 million people. When creating your Flickr album, you are exhibiting yourself to a very wide audience. You might want to create thematic, allow your photos to be found by the community via keywords.

Do create a Flickr profile with your name and integrate a link to your website. Flickr is very well listed on Google. So you will come up first or nearly first on the research engine.

E – About Youtube

9 out of 10 videos researched on Youtube are music videos. That shows a real public interest for those kinds of videos. Also, 60% of Youtube traffic comes from a Player Embed.

Try to create a channel and upload videos frequently. Not necessarily video clips, but videos like you in a studio recording, touring, rehearsing, etc. Talk to your fans and get someone to shoot a video of you backstage or even at home. Not necessarily you, singing on and on…

1. Use the most relevant key words with the video name. DO NOT FORGET to write “video”. The most important info you will give is lodged into your title because the research engine word used by people includes “video”. The result will come up faster.

2. Coming next is the video description which is as relevant for the research engine as the title. Key words are the key! And of course you will use your website URL or FB fan page right at the beginning.

3. Take advantage of writing directly on the video: notes, subtitles, descriptions and links. At present, you can only click on links that will send you towards another Youtube link. However you are very welcome to try something different. Of course, you have incorporated a link at the beginning of your description…

4. Install a call to action button on your video that shows: “click here to become a fan on our FB page”, and the viewer goes to your site…

5. Tag your video with key words. I mean significant key words.

6. Invite people to join. Activate the option diffuse and share on each video.

7. Do not hesitate to post your videos as an answer to the most popular videos.

8. Watermark your videos (place a tiny translucent logo in the corner of the video). Very easy with the help of a video soft editing. Why? Because it’s your video. It’s your symbol, your brand. So show it!

9. Youtube Insights is the Youtube analysis data, so use it. It will give access to demo info, time spent, number of views, or when your video viewing was left.

Make sure you don’t prevent your videos from being shared. Big mistake if you do! It’s crucial to let your viewers interacting and embedding your videos. Shall I remind you the huge mistake EMI made by blocking OK Go latest video?

Also, Youtube has just launched a new program “We Want You”, aimed at independent artists. The intention is to give them the opportunity to make a living from their music. Here is a good analysis: http://bit.ly/aGO8Tg. To be continued…

F – About Wikipédia

Internet users prefer to log first on Wikipedia rather than MySpace if they want to know about a band (2 to 1 ratio). So, obviously, be on Wikipedia.

> Create your profile

> Incorporate your website link, photos

> Update it on a regular basis

> Also, Wikipedia is very well listed on Google. You will come up on the top 3 if someone was to look for you on internet.

Of course, interlacing your info is a must. You can link your FB and Twitter status = one twit and FB is updated, and vice versa. Make sure all your videos, new photos are regularly updated and that you announce your new album release (with a link on iTunes). Warning: do not interlace everything. Your Youtube audience is different from your website, or Twitter and FB. Try to work as well on singularity/originality. Technique tools might help you to post the same info everywhere, but it doesn’t mean you have to do so. Adapting to your audience is a good idea. Try not to industrialize everywhere.

G – About Spotify

You have to be on Spotify and Deezer in order to maximize your online presence (of course, not for the royalties). Your music will be more visible that way. Zimbalam will help you to be present on those sites.

Also, thanks to the playlists sharing, especially on Spotify, your music will be broadcast a lot faster than any other social network. If you get broadcast via a playlist and your track gets noticed, you might find yourself between the likes of Kings Of Leon or Black Keys… and get sent to a friend… Share as well your own playlists.

3 – Monetize

Let me give you a tiny advice:

It’s great to get an iTunes link on your site, but it’s even better if your visitor can buy directly from your site. First, because of proximity: (s)he wants to buy from you. Second, because it might be a compulsive purchase. Don’t get a “chance” to lose him/her by sending him/her on another platform. Third, not everybody is on iTunes or another platform. Check out: the last UK study shows that almost 60% of 15-24 years old have no clues about legal platforms. What a shame if (s)he pirates somewhere else when (s)he was about to buy it on your site.xt

A – About iTunes

If you use Zimbalam, it will take care of submitting your tracks on legal downloading platform for about $/£30 (I don’t work for Zimbalam either). 6 ways to be noticed on iTunes:

> Creating an Imix (playlist)

> Marking your Imix

> Commenting your Imix

> Bringing it up regularly

> Writing album reviews

> Doing covers

B – About Bandcamp

By far, the best site for an artist (again I don’t work for Bandcamp). To sum it up: BC helps independent artists to sell their music. The cherry on the cake: BC is now available on your artist site. You can use BC page to FB or Twitter thanks to widgets.

1. Layout: make it clean and simple. Your users know where your music is and can download it.

2. Free of charge: for now, 100% of profits are yours (if GCS haven’t changed)

3. Emails: on BC, you can either sell your music or give it for downloading, or leave some tracks for free and some others for purchase.

4. You can even use a PWYW system (Pay What You Want) since BC allows micropayment. Therefore, each time BC sends a free track to a user, you collect its email…

5. Stats: you will know who comes onto your page, who listens to what, at which frequency, for how long and where (on your BC page, FB widget, etc.)

6. Distribution: you will be able to distribute your music differently. It’s also a better alternative to iTunes. Your public is different. You sell what you want, when and where you want, @ your chosen price.

For example:

> You join physical sale and offer “digital” (either the opposite way or together)

> You can go for a special offer treatment (release of an album: CD @ $5, or CD + Dig + T-Shirt @ $10)

> You can use vouchers. I.e.: I bought an Exsonvaldes CD and they gave me a voucher so I could download some tracks from BC. In regard of direct sales on your site (merch, tracks, box sets).

4 – Do become  a geek, be obsessed with your stats

Don’t be afraid to use as many data analysis as possible in order to focus on what will produce the best rates. That way you will be more efficient. You have to analyze every single action, so that you get rid of the less productive ones and improve the others.

Those free data analysis from Google or Soundcloud will show you where people listened to your music thanks to a specific action, where they came from, where they went, if they shared it, bought it and what are their tastes. You should be able to analyze the opening and click rates on your newsletter and email links.

What tools can help: FB Insights: You will know what your fans do on your Fan Page. You will be aware exactly of your impression numbers at specific times. It’s like segmenting per gender, age, country of your fan. To know more: FB Insight.

FB Insight is alright, but in comparison to Google Analytics, it won’t get you far since those Stats are only about fans. So, if you are not afraid to get your hands into the dirt, you will use Google Analytics to analyze your FB stats. Yep, it’s possible. Follow the guide.

FanBridge: Regarded as the best email management tool at present. You’ll be able to appreciate its real efficiency on your email campaigns. Who opens them, who clicks on links, who forwards… Service charged!

ReverbNation: Regarded as the second best email management after FanBridge. It gives you a sort of stats summarize when you log on your account. You will access “All Areas”: how many new fans, daily listenings, widgets uses…

Next Big Sound(free): This free of charge service will track down how millions of fans interact with your music on a daily basis. They will keep a record on the number of plays, views, comments, mentions, etc. on over 400 000 FB, MySpace, Last.fm, Twitter artists… On the top of it, Next Big Sound will send you daily emails to let you know what’s up around you.

Band Metrics: Gives the opportunity to groups / labels / managers to identify its fans, measure their regularity and commitments as well as identifying new markets, tracking down online radio listening and discovering new hypes

Sound Cloud: Online platform. For stocking, saving and sharing your tracks. It also offers widgets as well as gives you access to stats in regard of your tracks. There are many more to try (which I am at present). You will quickly see how you’ll get excited about your stats on your site, charts about your visitors.

5 – Email/newsletter : the holy Grail

You have to retrieve all your fans email addresses from your website and social networks. It’s your only way to build a Database of your fan/future consumers.

> Ask them beforehand if they agree to receive emails and newsletters

> Offer them a free track in exchange of their registration on the newsletter

> Ask them as well to mention their town. You will be able to let them know via email if you play a gig nearby.

> Remember that only if you do have some content to offer, should you send emails and newsletter.

> Don’t be pushy! If someone wants to be withdrawn, do it!

Look at what Jonah Matranga does on his homepage. It is simple and basic. The viewer has a choice to accept or not. Then, via some cookies Jonah Matranga will recognise you.

You can use emails as well for your business deals like offering some merchandising, or a special offer on your albums, or integrating an iTunes link.

But your newsletter content has to lead to the deal offer. Not the other way round. Emails and newsletters shouldn’t be a pretext to offer constantly albums and other merchandising to be purchased without any content in it.

Analyse each emails and newsletter results. Look at what made your viewer click or not, and improve them thanks to these analyses. Try not to overwhelm your viewers with too much info, and relieve your emails and newsletters by inviting them to contests, surveys, quizzes, photos and videos.

A simple figure: 30% of artists’ income using Direct to Fans Topspin platform comes from an email. Http://tinyurl.com/ydjb7cq.


6 – SEO or Search Engine Optimisation

What is SEO? It’s a positioning and rating technique for websites on Google, Yahoo and MSN research engines: a crucial tactic for online marketing.

The real stake relies on the SEO optimisation since it can increase significantly your site visitor numbers. Appearing on Google first page for a strong request (like MP3) ensures you a bulky traffic in volume. As a matter of fact 2/3 of users click on the first page results, and most of them don’t go beyond the third page.

2 searches out of 10 on Google are music related. The rate of transformation on these results is the most important Google results: 40%.

It is of prime importance to build your site according to the SEO guidelines in order to come up fast. I.e.:

> Having some text (blog, content association, reviews) in order to incorporate “meta tags” that will get you listed on research engines.

> Using relevant key words in your reviews

> No Flash.

SEO evolves rapidly. Its techniques are more and more innovating. So, if you are not a pro, don’t hesitate to seek professional advice. A poor SEO might lead you to the wrong effect.

Have a look to this simple article explaining how an artist can use SEO: http://is.gd/a9JbD (Plugola)

7 – Adwords and Pay Per Plick (PPC)

What is an Adword. They are keywords or key expressions related to your activity. When Internet users carry out a search on Google with one of your key words (I.e.: gig, your name, merch or album), your ad or website will come up next to the search results. Your ad reaches a public with an interest in your activity.

You are targeting a specific audience (national, regional or local). You only pay when a user click on your ad and goes to your website. Adwords gives you the choice for the amount you pay, so it sends an Internet user on your site (Cost Per Click).

If you are a beginner, Google.com will quickly help you to create key words and write your ad, and chose your “Cost Per Click).

8 – Viral Marketing

> Do use viral marketing as to promote your contents and website. Its great advantage: it spreads by itself.

> Launch a contest on your site about musicians (who is your support act?)

> Launch a contest about customizing a CD, T. Shirt. Or on iTunes by creating your own Playlists.

> On Youtube, offer Internet users to participate on your video making.

In one word, INTERACT to create a vibe, a buzz, and “diffuse the virus”.

WHAT IS FUNDAMENTAL

We agree it requires a lot of work, but you can’t avoid it. Your promotion and income depend on it. We also agree that it is not your job. You have to be surrounded. A DIY artist doing it all alone is a myth. If you can’t do it all, ask your fans to help, your manager, your record company…

Other artists’ experiences will help you to get inspired. I.e.: Trent Reznor, Amanda Palmer, Weezer, Paramore, Tara Bush, Imogen Heap, Corey Smith, Fanfarlo, Exsonvaldes, Cyril Paulus (…) they will feed your creativity.

Let’s sum it up:

> Collecting your fans emails (with authorisation)

> SEO, SEO, SEO, SEO…

> Data Analyses, data analysis…

> Your website is your house and your base. The most precious thing.

> Connect with Fans + Reason to Buy = monetisation

> Added Value. Why buying when it’s possible to get it for free? Think of value.

I agree there is far much more to talk about.

I’ll come back… quickly to give you more info…

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Questions: virberg@gmail.com
Meet me on: www.digitalmusic.tumblr.com (in French)
www.twitter.com/virberg

Credit Photo Flickr: twcollins, manuel cristaldi

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http://owni.fr/2010/05/25/well-what-is-a-good-digital-music-strategy/feed/ 0
Open Graph: Facebook s’intronise roi de l’attention http://owni.fr/2010/04/26/open-graph-facebook-sintronise-roi-de-lattention/ http://owni.fr/2010/04/26/open-graph-facebook-sintronise-roi-de-lattention/#comments Mon, 26 Apr 2010 18:09:47 +0000 Alexis MONS http://owni.fr/?p=13650 Titre original:

Facebook s’intronise roi de l’attention, saurons-nous être de bons sujets ?

Si l’on juge de l’avis général des commentateurs sur les annonces de Facebook, il s’est passé quelque chose entre mercredi et jeudi dernier. Beaucoup de questions et surtout beaucoup d’enthousiasme. L’envie de croire, pour beaucoup, qu’une alternative a éclot, que le web change.

Il s’est effectivement passé quelque chose. A mon goût la cristallisation de ce qu’on savait déjà, plus l’éclairage de quelque chose de plus profond pour l’internet en général et le business en particulier. Un vrai grand instant pour l’économie de l’attention en tous les cas, et un vrai potentiel pour la faire prospérer…

En préambule, deux lectures choisies pour ceux qui étaient en mode déconnecté complet, celle, à chaud, de Robert Scobble et le tour d’horizon d’Alex Iskold chez RWW.

Cela fait un bon moment maintenant que l’on sait que Facebook a gagné la partie. Celle du hub social, du compte maître qui gouverne tous les autres. En occident pour être précis, car il y a d’autres réseaux dominants en Asie notamment. Passons. Facebook est plus que mainstream, c’est le compte maître de l’homo numéricus. Personne ne dispute plus cette position.

Jeudi matin nous nous sommes simplement réveillé avec ce qui est une réalité.
Facebook Connect, et Open Stream qu’on oublie souvent, étaient deux idées timides, dont le succès devait appeler quelque chose de plus ambitieux. C’est donc fait avec Open Graph. Il n’y a donc pas de révolution à mes yeux. C’est juste un effort de simplification appréciable, qui va permettre à Facebook de cultiver ce qui a toujours fait sa valeur : la viralité.
Ce n’est pas une rupture, cela vient en continuité, mais comme cela vient en même temps que l’adoubement symbolique du vainqueur, ces annonces marquent le coup et nous font prendre conscience à la fois de la position acquise et du potentiel qui est devant. Je crois aussi qu’à force de n’y voir pas clair dans la manière dont Facebook gagnerait de l’argent, plus le fait que les usages sociaux y sont faibles, il y avait beaucoup de doutes et du dénigrement. J’ai pour ma part la grande impression de lire des tas de billets qui sont autant de remise à plat sinon de mea-culpa déguisés.

Il reste quand même un doute, cet arrière-goût dont parle Marshall Kirkpatrick. Beaucoup se demandent si l’histoire va repasser les plats et voir les utilisateurs se rebeller et faire reculer Facebook comme avec Beacon. Pour moi, Zuckerberg s’était pris pour Dieu et s’était pris un platane. Aujourd’hui, s’en est terminé des envolées mystiques. Open graph, c’est du business, point/barre.

Je ne dis pas qu’il n’y a pas des problèmes et des risques. Mais il y a les discussions de spécialistes et de militants, et le reste. J’y ai bien réfléchis depuis jeudi et je ne crois pas à une nouvelle rébellion. Le plat n’était pas repassé avec Connect et il ne devrait pas repasser avec Open graph. Beacon changeait les règles du jeu social pour l’utilisateur, qui plus est à une autre époque en terme de masse et de composition de cette masse d’utilisateurs. Open graph ne fait que les étendre, plus donner quelques facultés pratiques déjà défrichées par Connect.

Cela dit, il y a quand même un doute car, entretemps, le débat pour la vie privée est passé du côté des Etats et des institutions. Facebook devra composer avec ça, autant que Google. Comme je le développais jeudi dernier, ils sont tellement mainstream qu’ils posent des questions de bien commun qui vont avec les envies de régulation du moment ou autre débat sur la neutralité.

Maintenant, si on est donc d’accord pour dire que Facebook est le nouveau grand avec un gros potentiel devant lui, est-ce pour autant qu’il « change le web » comme y vont certains, voir qu’il challenge Google avec une disruption du modèle publicitaire ?

Facebook ne change pas le web, il est révélateur du changement du web. Si ce changement, comme certains le pointent, est celui d’un web où énormément d’usages se concentrent sur des plateformes (une en l’espèce), c’est déjà le cas. Vu en terme de trafic et surtout d’attention, la messe est dite. Comme certains l’ont relevé, Facebook, rien qu’en France, rassemble en permanence plus de monde qu’un de ces bon vieux prime-time télévisuels d’antan et concentre plus d’attention en durée que la grand-messe du vingt heure. Quoi qu’on en pense et qu’on en dise, c’est là que ça se passe aujourd’hui. Et ça grandit.
L’évolution du web n’est pas le fruit de la décision d’un Zuckerberg ou de qui que ce soit. Zuckerberg a simplement une belle machine en prise avec la façon dont les gens utilisent le web de plus en plus. Il ne fait que les suivre. Il en a la capacité, à contrario de Google qui ne joue pas ce jeu. Google joue un autre jeu, celui des contenus (et des apps qui s’y ajoutent) et son adversaire s’appelle Apple. Avec Open graph, Facebook montre que Google ne domine pas tout, ce qui enfonce une belle porte ouverte.

Aussi, le modèle publicitaire de Google n’est pas directement concerné. Nous sommes par contre ravi, chez groupeReflect, de voir ces annonces enfoncer le clou de l’économie de l’attention. Nous sommes joyeux et impatients de démontrer à travers elle notre vision que l’attention est le conducteur moderne de la valeur.

Finalement, je n’ai qu’une seule véritable interrogation. Facebook va donc nous permettre de dire « je t’aime » à plein de choses, sans doute à presque tout sur le web bientôt. Et l’on verra si d’autres « aiment » aussi, notamment parmi nos « amis ».
Le petit monde du marketing est tout émoustillé de voir qu’il va pouvoir bénéficier de données inestimables. Oui, comme l’indique Frédéric Lardinois, les métriques vont faire un saut quantique, tout comme ce bon vieux web sémantique dans lequel plus personne ne croyais.Il fallait donc maîtriser l’environnement d’usage d’un demi-milliard d’occidentaux pour le faire…

Aussi, j’aimerai bien savoir ce qu’en pensent les gens du CRM de ces annonces. Car, pour le coup, s’il y a un impact puissant à chercher, il est à mon avis là. Et il est puissant. On n’a pas fini d’en parler.

Cela dit, j’ai donc une interrogation. Celle de savoir quel sens exact va représenter le « j’aime » pour l’utilisateur qui le fait ? C’est à mon avis une question d’importance car elle conditionne la bonne réception du retour et la bonne compréhension des chiffres. On sait déjà que quand quelqu’un dit qu’il « attend » un événement sur Facebook, ce n’est pas pour y participer, c’est pour manifester qu’il trouve ça bien, ou tout simplement pour rester en veille dessus. Il ne faut pas se méprendre. Une bonne partie des fans de certaines pages le sont simplement parce qu’il fallait cela pour participer au concours ! Le nombre de fans d’une page n’a jamais eu la moindre signification profonde.

Je pense donc que, OUI, Open graph, c’est de la balle. Mais comme tous les outils, puisque s’en est un, il n’aura de la valeur que parce que nous saurons lui en donner, et faire en sorte que les « j’aime » et autres fils relationnels que Facebook va nous permettre de construire et exploiter, soient VRAIMENT fructueux et porteur de valeur. C’est pourquoi je crains des désillusions et en même temps de beaux succès pour ceux qui sont prêts à construire.

> Article initialement chez Groupe Reflect

> Illustrations CC Flickr par Balakov et Serif Baykal

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http://owni.fr/2010/04/26/open-graph-facebook-sintronise-roi-de-lattention/feed/ 3
Du crowdsourcing http://owni.fr/2009/12/09/du-crowdsourcing/ http://owni.fr/2009/12/09/du-crowdsourcing/#comments Wed, 09 Dec 2009 12:19:49 +0000 Admin http://owni.fr/?p=6022 Alexis Mons nous fait part sur son blog de son expérience au sein du Groupe Reflect. Il traite dans ce billet du “crowdsourcing” :

Cela fait maintenant un sacré paquet d’années que, tous les jours que Dieu fait, ou presque, j’explique à des marques (au sens large) qu’elles doivent se connecter à leurs clients, intégrer le web social, faire partie du web plutôt qu’être dessus et tout ce genre de choses. J’y adjoint les chiffres, les cases et parmi ceux de jolis indicateurs qui montrent que ça marche. Genre voulez vous faire -6% ou +16% par exemple, ou gagner 6M$ avec Twitter comme Dell, entre autres choses additionnelles à ce qui est dit dans le livre blanc sur le marketing de l’attention édité par groupeReflect.

Tout cela est magnifique et force le respect de l’auditoire, mais ne se traduit pas nécessairement en projets stimulant …

» La suite sur le blog d’Alexis Mons

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Mais quel est donc ce besoin de faire des phrases dans la pub http://owni.fr/2009/09/29/mais-quel-est-donc-ce-besoin-de-faire-des-phrases-dans-la-pub/ http://owni.fr/2009/09/29/mais-quel-est-donc-ce-besoin-de-faire-des-phrases-dans-la-pub/#comments Tue, 29 Sep 2009 15:07:35 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=4016

Ce matin, mon fil twitter me faisait remonter une vidéo où Mme Delphine Rolland, que je ne connaissais pas, ancienne Directrice des Médias Digitalisés à France Télévisions Publicité et actuellement consultante nous expliquait ce qui m’a donné l’envie de cette chronique :  Les internautes sont prêts à payer pour du contenu

Internaute depuis maintenant plus de 20 ans, à une époque (bénie ?) ou le Web n’existait pas, je me suis interrogé, comme je le fais toujours quand on m’assène des vérités :

> Suis je prêt à payer pour du contenu (sous entendu Internet) ?

> Mieux : les gens que je connais sont-ils prêts à payer pour du contenu ?

Et j’ai donc pris le temps d’écouter son propos, dont je vous livre quelques pensées … étonnantes :

> ll faut absolument rentabiliser les investissements internet

> L’internaute est prêt à payer pour du contenu, si on lui met en avant de la publicité qui est mise en avant de façon intelligente.

> … en acceptant de la publicité intelligente : via ciblage socio demo, geographique, fct affinité contextuelle

> intégrer des partenaires pour financer la web tv ??? préroll ou post roll … très bien fonctionné (taux de clic et acception de l’internaute)

> exploitation de la marque à 360°

> Internaute prêt à payer pour des services à forte valeur ajouté (billetreduc, …)

> la publicité classique ne suffira pas

Bon … j’en reviens au titre de ma chronique : mais quel est donc ce besoin de faire des phrases …
Toutes ces idées, cela fait maintenant 15 ans que nous les entendons, manipulées par des générations d’agences de communications qui s’auto-proclament spécialistes du multimédia en 1989, spécialistes de l’Internet en 1999 et spécialistes du numérique en 2009 et qui sont capables de nous expliquer à postériori tout et son contraire.

Alors, j’ai eu moi aussi envie de vous livrer mes propres vérités :

L’Internaute est prêt à payer pour du contenu à forte valeur ajoutée. Mais quelle évidence.

Le problème est que pour le moment : il est où le contenu à forte valeur ajoutée ?
Dans le cas du cinéma, il est plus sur les plateformes pirates que sur les offres légales de VoD de nos opérateurs.
Dans le cas de la musique, je le cherche encore. On ne va quand même pas acheter toutes les cochonneries qui nous sont forcées diffusées ?
Dans le cas de la presse, elle est où, maintenant, l’information que nous avons envie de payer et qui ressort d’un travail d’analyse et de compréhension qui dépasse la reprise des 10 lignes des dépêches AFP ?

Sur ce dernier point, des expériences récentes existent et donnent envie de payer … je ne cite personne pour ne pas en oublier, mais ils tiennent sur les doigts d’une main. (on en a parlé sur Twitter ;-))

La recette pour séduire un Internet est simple … il est prêt à payer à trois conditions :

1 / si on lui fait gagner du temps ou de l’argent,

2/ si on touche sa sensibilité, son émotion, si on lui donne l’impression de devenir meilleur

3/ et dans tous les cas, si on le respecte : ie: si le service est de qualité

C’est terminé le temps du Minitel où l’on payait pour savoir que l’information que l’on cherchait n’était pas là.

Et quant à la motivation de “faire” des choses pour rentabiliser des investissements … c’est l’un des plus mauvais arguments que j’ai entendu depuis longtemps. Si on en est là, il ne faut plus se poser de question, c’est que l’on a pas compris pourquoi on fait les choses. Autant ne pas les faire !

Faire des choses pour rentabiliser Internet, rentabiliser une Web TV … etc … conduit à des réflexions qui seront menées par d’autres et où l’entreprise perdra de vue le pourquoi elle fait les choses et sa capacité de décider. Si on fait une WEB TV, le but est de SERVIR, presque altruistement un auditoire. En échange, on captera peut être son attention, ce qui est bien plus précieux que la recherche d’une audience. Et alors, on pourra se demander quel est l’intérêt pour un “partenaire” de monter dans l’opération et à quelles conditions cela peut lui aussi lui SERVIR.
Sinon, on se fait plaisir … plaisir aux agences surtout.

Et maintenant le solution pour “rentabiliser les investissement internet” :

Donc Internet coûte de l’argent et ne rapporte rien ou pas assez, donc :

COUPEZ TOUT.

De toute façon il vaut mieux que vous ne fassiez rien que de faire mal, c’est maintenant trop grave car trop visible : Laissez faire les autres.
Quand je vois la performance de certains sites d’informations qui ont été en panne pendant les annonces de l’élection présidentielle, je me dis qu’heureusement que Google est là !

Ce n’est pas possible ?

Alors c’est qu’il n’y a pas qu’une question de rentabilisation. Regardez surtout les choses sur l’angle de l’utilité et de la QUALITE. Si la réponse est non à l’un de ses points, vous avez intérêt à ce que l’autre le soit, car même la puissance de la marque ne pourra pas masquer longtemps l’incurie.

> Article initalement publié sur le blog de Jean-Michel Planche

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