OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2012/06/26/les-data-en-forme-8/ http://owni.fr/2012/06/26/les-data-en-forme-8/#comments Tue, 26 Jun 2012 09:19:22 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=114421 Owni vous aide à trouver quels vêtements porter, vous explique ce que révèle sociologiquement votre choix des aliments, vous rend diplomatique sur Twitter et vous propulse dans les Jeux Olympiques. ]]> Commençons ce nouvel épisode des Data en forme de manière diplomate. L’AFP a lancé la semaine dernière sa nouvelle application interactive intitulée “The e-diplomacy hub – Twitter et politique étrangère : la démocratie numérique en action”. Le contenu est extrêmement riche mais relativement complexe. L’application, comme son sujet, mérite de s’y plonger plus que quelques secondes pour en tirer tout le potentiel.

Les acteurs publics de la diplomatie sont le point de départ de cette application. L’équipe éditoriale de l’AFP s’est en effet attachée à sélectionner plus de 4 000 comptes twitter (personnalités et/ou organisations) qui, selon elle, composent une forme de diplomatie numérique. Des chefs d’Etat bien sûr, des diplomates, des ministres mais aussi des lobbyistes, des experts, des activistes ou des hackers. Par exemple, pour la France, on trouve aussi bien le compte de François Hollande, Nicolas Sarkozy, Greenpeace, Dominique de Villepin que celui de notre Jean-Marc Manach.

L’algorithme conçu par l’AFP, prend en compte les tweets, le nombre de followers, le pourcentage de retweets, le niveau d’interaction et des ratios entre ces indices, afin de classer ces comptes en fonction de leur influence.

Pour étudier les relations entre ces acteurs, ces Etats, la signification et l’impact en termes de politique étrangère, l’application propose plusieurs portes d’entrées :

  • Le mode“Carte” permet de visualiser les relations numériques et diplomatiques entre deux Etats de votre choix, ainsi que de consulter les hashtags les plus utilisés. Cette fonctionnalité est un peu difficile à appréhender : lorsque l’on sélectionne deux pays, puis que l’on clique sur le pictogramme de l’un des deux, ce sont les échanges twitter du pays avec l’ensemble des autres pays qui s’affichent, et non pas uniquement avec l’autre pays sélectionné.
  • Les entrées “Acteurs” et “Etats” affichent le classement d’influence. Il est possible d’activer des filtres, et de comparer l’évolution de l’influence pour les comptes sélectionnés.
  • La partie “Actu chaude” est peut être la plus simple et la plus efficace : sélectionnez un hashtag parmi ceux qui sont les plus utilisés, puis choisissez jusqu’à trois pays pour voir ce que les acteurs de ces pays ont à dire sur ces hashtags en particulier. Le test sur #Syria pour la France, les Etats-Unis et l’Ethiopie est à ce titre particulièrement révélateur.
  • La section “Liens” propose de voir quelles sont les personnes qui suivent ou qui sont suivies par un compte en particulier.
  • Enfin la partie “Conflits”met en exergue certains conflits qui s’exercent particulièrement sur Twitter.
  • Pas étonnant donc que cette application soit complexe : elle cartographie pour la première fois un nouvel éco-système, celui de la diplomatie numérique, et met les données récoltées à disposition. C’est un bel outil : les classements d’influence seront mis à jour toutes les heures, tout comme les hashtags les plus utilisés. L’AFP précise également qu’elle annoncera à la fin de chaque année le classement des 100 Etats et personnalités les plus influentes de la “e-diplomatie”.

    Si certains aspects ou fonctionnalités restent obscurs, il faut surtout voir cette application comme une ressource, utilisable dans le temps. Le concept et la réalisation méritent en tout cas un coup de chapeau (notamment à nos anciens camarades Pierre Romera de Journalism++ et Elsa Secco).

    Vague rose au choix

    Après les élections législatives ayant marqué la victoire de la Gauche, un sujet a largement inspiré les médias : la “mainmise” du Parti socialiste sur l’ensemble des lieux décisionnels : Présidence, Régions, Départements, Sénat, Assemblée Nationale. Trois visualisations ont ainsi été produites, sur la même thématique, mais selon des techniques différentes.

    L’infographie “La Gauche détient les lieux de pouvoir” du Monde, est esthétiquement très parlante, grâce à sa conception en forme d’escargot qui permet de visualiser l’ensemble du message d’un seul coup d’oeil. Cependant, on aurait bien aimé qu’elle soit effectivement un “visuel interactif” comme le précise le sur-titre, et non une infographie fixe.

    La frise chronologique du Figaro, “La répartition des pouvoirs sous la Vème République” a un mode de navigation plus fluide et fonctionne également bien graphiquement. On peut cependant lui reprocher un manque de délimitation claire entre les différents pouvoirs.

    Enfin, le “Bienvenue dans la France rose” de Rue89 utilise un mode de visualisation fort pour montrer le poids du parti socialiste puisque tout les élus y sont représentés par une silhouette, associée à la couleur de leur parti. Cependant, la taille et l’effet de masse nuisent un peu à la qualité de l’infographie.

    Sur le sujet des élections législatives, mais un peu plus loin en Europe, celle réalisée par Igraphics, site monté par des journalistes et des designers d’informations grecs, est très réussie. Sans extravagance, elle rassemble sur une seule page les différentes données du scrutin : cartographie des résultats, couleur de la nouvelle assemblée, pourcentage des votes, etc. Pas si fréquent.

    Les JO de la data

    2012, année politique. Année sportive aussi : après Roland-Garros et l’Euro de football, bientôt le Tour de France et les Jeux Olympiques. Des évenements propices à une retranscription en data visualisation : Visualizing.org, communauté de designers, développeurs, journalistes créée et animée par General Electrics, lance même un concours à cette occasion. Ouvert jusqu’au 27 juillet, il récompensera les meilleures dataviz sur les Jeux Olympiques répondant aux critères de compréhension (10 points), originalité (5 points) et style (5 points).

    Pour les futurs participants, voici quelques sources d’inspiration sur le sujet : le “Medal Count” du New York Times, d’autant plus impressionnant qu’il date de 2008 ; ou la visualisation sur les revenus générés par les Jeux Olympiques pour la chaîne NBC depuis 1984, proposée par Nicolas Rapp.

    Bourdieu, data journaliste

    Cette réalisation est plutôt anecdotique mais révèle tout de même à quel point les données sont partout, depuis longtemps et comment les techniques d’aujourd’hui permettent de les renouveler facilement.

    Dans son ouvrage La distinction : critique sociale du jugement publié en 1979, le sociologue Pierre Bourdieu publie un graphique à quatre axes représentant les choix des aliments et la façon de se nourrir en fonction de la dotation en capital économique et en capital culturel, ainsi que selon le temps libre et le statut de la femme.

    Molly Watson, du site Gastronomia, a redessiné ce graphique, en y ôtant certains éléments (la question du temps libre et du statut des femmes) et en y ajoutant des aliments ou comportements typiques du 21ème siècle (“DIY”, “macchiato”, “aliments micro-ondables”). Molly Watson ne met pas derrière ce dessin d’autre ambition que celle de s’amuser, en ouvrant la discussion “ce graphique est un début. Qu’y inclureriez-vous ?”. Mais le résultat est sympathique et ouvre de nouvelles perspectives entre data et sociologie.

    La data pour ton placard

    Difficile, le matin, de choisir commet s’habiller ? Savoir quelle couleur il faut porter, celles qui sont passées de mode ? La marque Pimkie, dans un engagement complètement désintéressé, a monté un projet pour vous y aider. “Pimkie Color Forecast” a placé des caméras repérant les couleurs majoritairement portées dans les rues de trois capitales de la mode : Paris, Milan et Anvers. De cette observation, ils en tirent une série de données visualisées sous forme de jolis camemberts et histogrammes, qui permettent ensuite à Pimkie de vous conseiller sur la couleur à porter. Pour info : à Paris, aujourd’hui, c’est le coquelicot.

    Scrollez le Sommet de Rio

    Du 20 au 22 juin se tenait le Sommet de Rio, Conférence des Nations Unies sur le développement durable, vingt ans après la dernière édition. Les critiques liées à l’organisation ou l’implication des lobbies industriels ont davantage fait la Une que les accords et engagements qui en sont ressortis. Le Sommet de Rio aura cependant été pour le ministère des Affaires Etrangères et la Netscouade l’occasion de produire une belle application interactive, racontant, de 1972 à 2012, l’Odyssée du développement durable. Scrollez, cliquez, naviguez, c’est joli et c’est très instructif.

    Bonne data-semaine à tous !


    Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !

    ]]>
    http://owni.fr/2012/06/26/les-data-en-forme-8/feed/ 55
    Le Véritomètre de la présidentielle http://owni.fr/2012/02/16/veritometre-factchecking-presidentielle/ http://owni.fr/2012/02/16/veritometre-factchecking-presidentielle/#comments Thu, 16 Feb 2012 09:58:02 +0000 Nicolas Patte http://owni.fr/?p=98726 Le Véritomètre
    Découvrez “Le Véritomètre“.

    Le citoyen, qui est un être sensible, éduqué, un peu idéaliste et pas cynique pour un sou, connaît deux moyens sûrs pour arrêter son choix au moment d’élire celui ou celle qui le représentera au plus haut niveau de l’État.

    Le premier, sans doute le plus sensé, est de déchiffrer avec attention le programme politique diffusé par l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle (soit une petite vingtaine aujourd’hui), et de confronter ces lectures avec son bon sens, son entendement, ses convictions et sa vision de la chose publique. Le deuxième moyen, moins subjectif – mais toutefois fort compatible avec le premier, c’est donc celui qui aura notre préférence – consiste à écouter chaque candidat(e) durant la campagne pour vérifier scrupuleusement la fiabilité des propos tenus lors de ses allocutions.

    Confiance

    La question de la confiance, pour le citoyen sensible, éduqué, etc., est évidemment cruciale dans son rapport au politique : on élit à la fonction suprême une personnalité qui ne ment ni ne triche car elle détient durant cinq ans la créance morale de plusieurs dizaines de millions de bonnes âmes résolues, à travers la fonction présidentielle, à réformer l’État, travailler honnêtement, vivre décemment, moraliser le capitalisme. Et toutes ces sortes de choses.

    Évaluer la crédibilité des principaux candidats à l’élection présidentielle française est donc le pari de l’application web “Le Véritomètre 2012″. Imaginée, construite, peaufinée pour i>TÉLÉ par tous les métiers présents chez OWNI, avec : une chef de projet (Anne-Lise Bouyer), des développeurs (James Lafa, Tom Wersinger), des graphistes (Marion Boucharlat et Loguy) associés à des journalistes de données (Marie Coussin, Grégoire Normand, Pierre Leibovici, Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, votre serviteur) et à un meneur de jeu (Guillaume Dasquié). Onze joueurs focalisés sur l’objectif humble et ambitieux de faire rentrer la balle dans le but et de faire hurler la foule.

    Au scalpel

    Le “Véritomètre” est impitoyable et absolument impartial. Les grands rendez-vous médiatiques de François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy y ont été et y seront scrutés mot à mot, analysés au scalpel dans un grand exercice de vérification des faits (“fact checking“), en confrontant en permanence leurs verbes à la réalité des chiffres officiels. Chaque intervention a été et sera découpée quotidiennement en multiples citations qui, toutes, font l’objet d’un examen personnel et finalement d’une sanction : “correct”, “incorrect” ou “imprécis”. Avec neutralité.

    Ainsi, c’est la somme de ces citations qui donne un indice final de crédibilité à chaque discours, entretien ou débat majeurs de la campagne. Et c’est l’ensemble de ces interventions qui attribuent un indice global moyen aux six candidats à l’élection présidentielle, encastrés pour cette occasion sur un classement qui déterminera précisément celui ou celle en qui tient la “ligne de crédit” – corde de la confiance à l’instant donné.

    Et ce n’est pas tout. En sus de ce classement de crédibilité et du “fact checking” de l’ensemble des interventions des six principaux candidats à l’élection, nous avons décidé de rassembler au sein du “Véritomètre” les données majeures de la campagne réparties sur les grands thèmes qui la baliseront. Aujourd’hui, c’est plus de 130 graphiques contextualisés et sourcés répartis au sein de ces thématiques (économie et fiscalité, éducation, immigration, santé, sécurité) qui sont disponibles. Au gré des vérifications et du vent de la campagne, cette masse augmentera afin de constituer une véritable base de données de tableaux de bord de la vie politique du pays.

    Le “Véritomètre” est un site web – qui fonctionne également sur les tablettes et les smartphones – mais c’est aussi un rendez-vous quotidien à l’antenne d’i>TÉLÉ tout au long de la campagne. Un partenariat vertueux entre la principale chaîne d’actualité continue et un média innovant amoureux du journalisme de données. Et deux acteurs portés par l’objectif de faire de cette élection politique, marquée par une crise internationale sans précédent et une volonté mondiale de renouvellement démocratique, un terrain de rencontre et un lieu d’éducation entre ces citoyens partagés entre l’envie d’avoir confiance et l’envie d’espérer un monde meilleur.

    Et pas cynique pour un sou.

    “La vraie politesse n’est que la confiance et l’espérance dans les hommes.” (H.D. Thoreau)


    Illustrations et couverture par LOGUY pour OWNI /-)
    Suivez le “Véritomètre” sur Twitter (et profitez-en pour nous laisser vos remarques) !

    ]]>
    http://owni.fr/2012/02/16/veritometre-factchecking-presidentielle/feed/ 98
    Le Data-journalism notre religion http://owni.fr/2011/08/30/le-datajournalisme-notre-religion/ http://owni.fr/2011/08/30/le-datajournalisme-notre-religion/#comments Tue, 30 Aug 2011 09:56:39 +0000 Pirhoo http://owni.fr/?p=77431 À l’opposé des intentions de la presse d’opinion, celle qui dicte une manière de penser le monde, une nouvelle presse émerge, désireuse de transmettre toutes les données susceptibles de lire le monde différemment, de nourrir toutes les pensées critiques, sans tenter d’en imposer une. Pour cette presse-là, le journalisme de données (ou Data Journalism à l’anglo-saxonne) s’apparente à une nouvelle profession de foi. Pirhoo est l’un de ces apôtres.
    Voici sa parole
    .

    Ce texte représente un retour d’expérience sur les caractéristiques très précises du Data Journalism, ou journalisme de données. Pour commencer, la première partie de cet article s’adresse aux développeurs – mais ne partez pas, je serai doux. Vous vous en doutez peut-être déjà, il ne suffit pas de savoir coder pour faire du Data Journalism dans de bonnes conditions. Outre des techniques, certes singulières et indispensables, en visualisation de données et data-mining, le développeur qui veut se frotter aux journalistes doit avant tout recueillir des qualités humaines auxquelles son métier ne l’a pas préparé.

    1. Tous les sujets sont différents, soyez curieux !

    On le sait, par nature, développer nécessite d’être curieux : il faut en permanence recycler ses techniques et ses connaissances. De sujet en sujet, les journalistes ont eux aussi, à leur manière, une telle “contrainte”. De fait, il va falloir trouver une sorte d’équilibre lorsque vous allez vous intéresser à l’objet de vos applications. Il y a des objectifs capitaux lorsque on travaille sur un tel projet : rendre claire une donnée obscure, soutenir un angle car une application ne se suffit pas à elle-même et enfin, raconter une histoire avec tout ce qu’on a rassemblé.

    Pour atteindre ces objectifs, ne faites pas de détour : il faut jouer le jeu à fond, ne pas faire semblant, se plonger corps et âme dans votre sujet. Si votre discours s’adapte à celui des journalistes, par continuité il s’adaptera avec celui des utilisateurs. Le meilleur moyen de parvenir à une telle adaptation et de comprendre tous les enjeux d’un sujet et offrir les réponses aux questions que vous vous êtes d’abord posées. Mettre en ordre les choses pour que le lecteur comprenne, c’est déjà en grande partie le rôle des journalistes. Soyez complémentaires. Ce n’est pas parce qu’un designer va faire un beau dessin et que vous allez faire clignoter des panneaux que le problème sera plus clair. L’utilisateur n’en sait jamais assez, si vous n’êtes pas assez didactique, votre application ne sera qu’une source d’interrogations supplémentaires.

    2. Ne faites pas qu’exécuter, proposez

    Oui, c’est vrai, ils adorent s’écouter parler. Mais les journalistes sont aussi des animaux très attentifs, qui savent poser les bonnes questions et construire du neuf avec vos réponses. Et comme le spécialiste de la data, c’est vous, vous allez avoir des choses à raconter. Non seulement lorsque vous aurez une idée, avant même d’en parler, vous saurez déjà s’il est possible de la réaliser, mais en plus, votre motivation n’en sera que plus grande. Les designers et les journalistes ne s’en rendront jamais compte, vous avez été mieux formés qu’eux pour répondre aux besoins de l’utilisateur.

    Quand les journalistes racontent une histoire, les designers l’illustrent et l’animent. Vous avez toutes les qualités nécessaires pour faire en sorte que vos applications reprennent au mieux cette histoire. Les uns pensent narrations, vous pensez utilisation. L’enjeu de ces travaux est souvent de vulgariser un sujet (ou des données) par nature complexe(s). Vous avez toute la légitimité nécessaire pour vous imposer (souvenez vous UML, Merise, etc, tout ça c’est pas rien).

    3. Préparez-vous à apprendre

    Lorsque vous faites du Data Journalism, la dynamique des projets est telle que vous allez côtoyer un nombre exponentiel de technologies différentes. Il n’y a pas 1000 façons de positionner des points sur une carte, il y a cependant une quantité infinie de raconter quelque chose avec ces données. Diversifiez vos compétences et vos applications seront de plus en plus abouties et riches. Ne vous contentez pas (par exemple) de Highcharts pour faire des jolis graphiques. Cette librairie est magique mais vous limiter à seulement quelques outils dans vos manches, ce serait comme contraindre un peintre à n’utiliser que du noir et blanc. Il aura le temps de se lasser avant de lasser son public.

    4. Sortez des clichés

    J’ai très souvent été confronté à une situation assez clichée : journalistes et développeurs dans des pièces séparées, ces derniers étant vus comme des êtres d’un autre monde. Comment diable leur association pourrait-elle fonctionner ? Le développeur n’est pas un prestataire de service. Pour faire bonne recette, il faut créer les conditions favorables à une collaboration horizontale, briser les murs, se mélanger. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est nécessaire que tous les membres d’un projet de Data Journalism signent leur travail. Ce n’est pas juste pour que Maman voie votre nom dans les crédits, c’est avant tout pour rétablir un certain niveau d’égalité, même illusoire (les développeurs sont bien meilleurs of course).

    À partir de maintenant, développer dans son coin sans jamais communiquer autrement que par email, c’est fini. Ne sortir que pour manger des pizzas dans une soirée Counter Strike, c’est fini. Il faudra probablement vous reproduire avec des journalistes, aussi. Adoptez leur comportement, ils adopteront le vôtre. Ce métier hybride c’est prendre ce qu’il y a de meilleur chez les uns pour le marier avec le meilleur des autres. Ce joyeux bordel doit mettre à sa manière un peu d’ordre dans le chaos.

    Après avoir assommé mes congénères à grands coups de recommandations : développeurs, avant de savoir faire, sachez être ! Entre deux insultes ce sont aussi les journalistes que j’accable… J’ai en effet plus coutume d’enseigner à des journalistes qu’à des développeurs. Dès à présent, c’est donc à eux que je m’adresse.

    5. Détendez-vous, tout va bien

    Journalistes réactionnaires, éditorialistes venu d’un autre âge, je les vois venir. Trop sûrs d’eux pour oser remettre en question leur profession, ils sont trop nombreux à s’offusquer devant un view source. Heureusement le débat n’est plus à mener : ça ne fait plus aucun doute, les métiers de l’information n’ont qu’un avenir incertain sur le papier, il leur faut se diversifier, conquérir de nouveaux supports et en exploiter tous les potentiels. Encore aujourd’hui j’entends dire “ce n’est pas mon métier” quand je suggère à un journaliste d’apprendre la programmation. Je comprends que l’idée puisse surprendre. Mais plutôt que d’énumérer ce qui va changer, pourquoi ne pas regarder ce qui finalement ne change pas ? Vous savez mieux que moi qu’outre informer, vous devez aussi raconter. L’information dans toutes les histoires se met en scène, c’est ce que vous savez faire le mieux. C’est ce qu’on a toujours attendu des journalistes. Avec le Data Journalism et toutes les mutations liées au Web, nous n’essayons pas de vous en demander plus, juste de le faire un peu différemment.

    Le support change, oui. Les techniques s’élargissent, aussi. Jamais pourtant on ne doit vous demander d’exécuter un travail de Web Agency. Toutes ces choses que vous allez apprendre (ou avez déjà apprises), c’est uniquement pour servir l’angle, la transparence et la poésie de vos articles. Ce ne sont que des outils supplémentaires pour rendre interactif un objet autrefois inerte. Une autre façon en somme de raconter une histoire.

    6. Vous serez toujours moins fort que moi

    Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté entre nous, le développeur ici, c’est moi. Vous allez maîtriser de plus en plus les technologies qui définissent mon métier, toutefois, ça ne doit pas signifier que les rôles vont s’inverser. L’idée c’est que vous soyez autonome sur des pratiques de data-mining et de gestion de projet. Personne ne veut faire de vous une créature supersonique qui collectionne les casquettes. Si nous devions quantifier la somme minimale de connaissances à assimiler, je serais tenté de dire “juste assez pour que journalistes, développeurs et designers puissent se comprendre”. La grande innovation, au fond, c’est cette équipe à trois têtes. Tous ces bons conseils un peu moralisateurs n’ont lieu d’être que si l’alchimie fonctionne entre nos disciplines.

    Comme je le disais précédemment, la première partie de ce guide s’adresse aux développeurs. Si vous la lisez, vous vous rendrez compte que je ne parle pratiquement que de créer les conditions favorables à un bon travail d’équipe. J’insiste lourdement car c’est finalement ce que j’ai de meilleur à vous enseigner. Il y a bien sûr quelques outils indispensables. Le plus redoutable d’entre tous n’est cependant pas logiciel, il est humain. Soignez vos relations avec les développeurs, votre passion pour rédiger des articles, ils la partagent à leur manière dans le code et la plupart des raisons qui vous poussent à aimer l’écriture peuvent s’appliquer à la programmation.

    Lorsque j’étais encore étudiant en informatique, les maths occupaient une place centrale. Une place telle qu’aujourd’hui encore, certains de mes collègues ne savent pas concevoir un algorithme sans se passer d’une équation. Je me suis toujours tenu à l’écart de ce prédicat et le Data Journalism en est l’image quasi inverse. L’informatique repose sur des calculs fondamentaux (“computer” en anglais signifie littéralement “calculateur”) toutefois je conçois plus la programmation comme une forme de littérature. Nous avons des figures de style, chaque programmeur a une empreinte qui lui est propre, nous avons une syntaxe à respecter et lorsque nous énonçons un problème ou sa solution par l’algorithmique, nous sommes confrontés à des problématiques proches de celles de la narration. Laissez-vous convaincre que nos métiers ne sont pas si différents.

    7. Donnez-vous les moyens d’évoluer

    Jean-Marc Manach, qui est un collègue et ami, m’a toujours beaucoup intrigué. Il me semble important de le citer dans cet article car j’ai eu la chance collaborer de nombreuses fois avec lui et c’est un symbole fort du Data Journalism. Dire que Jean-Marc est un journaliste équivaut à dire que Rocco Siffredi est un acteur : ce n’est qu’une part infime de la vérité… C’est un électron libre, un élément perturbateur qui va pousser sa discipline dans ses retranchements pour lui permettre d’évoluer. Lorsqu’un site gouvernemental dissimule brusquement des photos qui étaient publiques auparavant, Jean-Marc va fouiller dans le code HTML dudit site pour y trouver des pistes, tester des combinaisons dans l’URL et utiliser un tableur Excel pour web scrapper l’objet de son enquête. Il ne fait usage d’aucune technique compliquée, pas besoin d’avoir un diplôme en ingénierie informatique, c’est purement et simplement une démonstration de hacking. Jean-Marc est un journaliste-hackeur, il bricole, cherche en tâtonnant et ses résultats sont parfois surprenants.

    Cet exemple nous dit quelque chose de très important : le journalisme de données est une discipline pour gens curieux. C’est ça, l’essence même du Data Journalism. Cette condition est indispensable à la pratique sur le terrain. C’est en allant fouiller les recoins d’Internet que vous allez le plus apprendre car c’est ainsi que vous allez vous heurter aux problématiques du métier comme le discernement des données et toute la complexité parfois pour les récupérer. On peut dire que c’est un métier de bricoleur, de Data Nerd. C’est probablement l’une de ces caractéristiques les plus importantes, la négliger serait une erreur.

    ~

    Il ne vous reste plus qu’à vous mettre au travail. Trouvez des développeurs, trouvez des designers, trouvez des sujets, même complexes. Si vous parvenez à créer une application qui raconte une histoire et vient soutenir l’angle de votre article, alors vous pourrez vous vanter d’avoir fait du Data Journalism en bonne et due forme.

    Ressources

    • Envie de s’attaquer directement à la pratique et au code ? Je vous recommande l’excellent Site Du Zéro qui depuis 10 ans est une source abyssale de bons tutoriels. Comme son nom l’indique, aucun pré-requis n’est nécessaire (HTML et PHP sont de bon choix pour débuter ;).
    • Trouver des jeux de données ? Rien de plus facile, le Web regorge de ressources telles que DataPublica (repository), Buzzdata (réseau social de la data) et certains tags sur Delicious sont de vraies mines d’or (comme ddj, API ou data). N’oubliez pas non plus que si les gouvernements attendent parfois certaines initiatives pour mettre leurs données en ligne, certaines sont publiques, il suffit simplement de les leur demander gentiment.


    Article publié initialement sur l’Oeil du Pirate en deux parties sous le titre Data-journalism : par où commencer ? (1) et Partie (2)

    Illustration Flickr CC Paternité blprnt_van

    ]]>
    http://owni.fr/2011/08/30/le-datajournalisme-notre-religion/feed/ 9
    How French Site OWNI Profits by Giving Away Its Content http://owni.fr/2011/03/14/how-french-site-owni-profits-by-giving-away-its-content/ http://owni.fr/2011/03/14/how-french-site-owni-profits-by-giving-away-its-content/#comments Mon, 14 Mar 2011 17:56:47 +0000 Mark Glaser http://owni.fr/?p=51291

    [NDLR] OWNI.fr concourt aujourd’hui au festival South By SouthWest (SXSW), dans la catégorie “News Related Technologies” du SXSW Accelerator. L’occasion de mettre en avant quelques articles en anglais, proposés par les éditrices d’OWNI.eu Retrouvez ci-après une analyse de ce que fait OWNI, initialement publiée sur PBS Mediashift.

    Most content sites in the U.S. have two ways of making money: charging for subscriptions or running advertising (or both). But a French site, OWNI.fr, has found an unusual business model for a site with no ads and no subscriptions — that’s also profitable. How do they do it? Their main business is doing web development and apps for media companies and institutions.

    One big advantage for OWNI is its origins as a pure online business, with an entrepreneurial CEO Nicolas Voisin and a staff of web developers. The site was initially an aggregation of bloggers, with the parent company called 22Mars (March 22nd), set up to fight a controversial French copyright law known as HADOPI. While 22Mars was made up of web developers at launch in April 2009, they eventually revamped the site with more editorial direction and hired journalists in 2010 to work alongside the developers.

    The result is a striking website, with an eye-catching design and various examples of data journalism and data visualization. In fact, when they set up an English-language site, OWNI.eu, its motto was “Digital Journalism.” The site won an Online Journalism Award at the ONA conference last year, and is a finalist in next week’s SXSW Accelerator competition for “news-related technologies.” Here’s a screen shot from one data visualization showing how many people have died immigrating to Europe from Africa:

    All the American interest in the French site will grow exponentially when the site opens a U.S. subsidiary next month, somewhere in the San Francisco Bay Area. I spoke to the future CEO of that U.S. subsidiary, Adriano Farano, an Italian who had helped run Cafe Babel, a pan-European website. Here, he explains what the name OWNI means in French (largely a play on “UFO”):

    Farano told me that the parent company, 22Mars, is about a third of the way to closing a Series C round of funding for about 1.5 million Euros, and that they will seek a first round of funding for OWNI.us. In France, the company grew from just 8 people a year ago to 37 today, with 15 full-time journalists. At the same time, Farano says the site traffic also boomed, going from 200,000 monthly unique visitors to 1.5 million uniques today.

    I also spoke by phone to OWNI’s director of data journalism, Nicolas Kayser-Bril. The following is an edited transcript of our international phone conversation.

    Q&A with Nicolas Kayser-Bril

    Why did you start OWNI and what were your aims?

    Nicolas Kayser-Bril: It wasn’t planned to be a media company at all. It was started in April 2009, where there was a law called HADOPI being passed in the French parliament, that was dangerous for online freedom [and later was the basis for Loppsi 2]. Several bloggers got together to set up a platform [to fight the law]. And the company that was set up to run OWNI is called 22Mars, and we decided to host the platform so we had a blog network hosted on a WordPress platform. Step by step, the platform grew, and Nicolas Voisin, the CEO of 22Mars decided to take the experiment further and put one person full-time on maintaining and engaging the community.

    We saw that this worked well so we put more resources and people into OWNI. So we decided to become a real media [outlet], a real website, still with this strong community of bloggers behind it. In the summer of 2010, we realized that OWNI had become a real media [outlet], ran stories, and really had a big impact in the traditional media sphere. We hadn’t really planned to become one. This changed the way the company was organized. At first we had been more of a showroom for what we’re doing, and today it’s more of a lab where journalists are free to innovate and do what they want.

    With that experience, we continue to run our service company, selling website development and applications. We specialize in providing apps and social media platforms. Half of our sales today have to do with social media, and the other half has to do with data visualization, crowdsourcing apps, and running innovative journalistic products. We serve all kinds of institutions and NGOs that have a story to tell but don’t know how to to do it online. We build the tools for them to do so.

    When you say half of your sales is social media does that mean helping them with social media strategy?

    Kayser-Bril: We do some social media consulting, but most of the work is building social media websites tailor made [for clients]. For instance, with universities, they have unique problems as to how to communicate between teachers and students and the wider public. So we built the interface using WordPress to solve this problem. So we always build custom solutions with added value.

    What was your background and that of the OWNI CEO Nicolas Voisin?

    Kayser-Bril: Nicolas, our CEO, was an entrepreneur and got into the media in 2006 before the presidential election in France. He started doing a political show; he realized there was a big gap on how the public was informed about candidates’ platforms. So what he decided to do was interview them without time limits and spent hours with them, and then posted them on YouTube. It worked really well, so he thought there was a need to reinvent storytelling online. That’s what drove him.

    The other core people at the company are mostly developers. I myself have a background in economics. I never studied journalism. Before OWNI, I was living in Berlin and working at a startup. Before that I was doing freelance work. I was doing online work for a presidential campaign in 2009, mostly web-related things. We didn’t hire a traditional journalist until February 2010. Now we have many seasoned journalists working for us.

    So you are set up as a non-profit or for-profit company?

    Kayser-Bril: 22Mars is for-profit, and we did not spin off OWNI as a non-profit organization from an accounting perspective. The website does not have to make a profit in the sense that we don’t make money from the website. No subscriptions and no hidden advertisements. The value the website provides is in gaining expertise online that we can then share and sell to clients.

    So your model is basically making money by developing websites and custom social media solutions? The site is more of a testing lab?

    Kayser-Bril: Exactly. You could compare it to businesses in other industries. We might start selling online objects or other products in the coming months to have more high-margin products.

    We will start selling e-books, which is a big driving force of 22Mars — we don’t sell content but we sell products, because everyone knows content is abundant. What’s missing is a way to properly browse through it and consume it. So we’ll be selling apps. Not apps for the iPhone or in the App Store. We always remain on the HTML side and JavaScript and stay compatible with all platforms. So they would run on the open web as well as on the iPhone and iPad.

    We’re convinced that the apps you see on the iPhone and iPad and Android in the future will be merged into web apps because it makes more sense economically to develop something once instead of three or four times. We develop for all devices. We recently published what we call an augmented cartoon where you have more depth in text, and can follow links. We made it for the iPad; it was more of an iPad app than it worked on a computer. With HTML 5 you can really design an app and optimize it for the device you want.

    Kayser-Bril explains how developers will work for OWNI for less money than at other companies because they have a chance to work on projects about society and politics:

    Does OWNI have a specific political viewpoint?

    Kayser-Bril: Not really, we’re not really involved in politics. What we do fight for is freedom online and offline, supporting the declaration of human rights. We could lead fights in defense of Internet freedoms (for example, against censorship, for Net neutrality, etc.). We’ll fight against all laws that restrict freedom of speech online. We don’t have any more political views beyond that. When you see the political views of people at OWNI, it ranges from leftist to libertarian so it would be impossible to have a single political line.

    Tell me about the work you’ve done for WikiLeaks.

    Kayser-Bril: WikiLeaks called us to do similar work that we are doing on a daily basis, which is building interfaces and web apps. Their problem is that they had masses of web documents but they were not comprehensible for a normal human being. So we came up with this app to browse through the Afghan War Logs. It illustrates how OWNI works, because when the Afghan War Logs came out, we realized we could build that just like for the Iraq War Logs.

    It was a non-commercial relationship with WikiLeaks, and it made perfect sense because we learned a lot so we could sell crowdsourcing applications. From a business perspective it made a lot of sense.

    Kayser-Bril explains how OWNI helps clients with unique open solutions, and that everyone’s become a media outlet now:

    Have you done work for media companies?

    Kayser-Bril: Yes, many French ones. Our client list include France24, Radio France Internationale, Groupe Moniteur (professional magazines), Le Monde Diplomatique, Slate.fr, Le Soir (Brussels) and Zeit Online (Berlin). We’re in talks with many more, and we’ve worked as well for NGOs and public institutions (the municipality of Paris and the French presidency).

    I noticed that you re-post or license content from other sites on OWNI. How much of your content is original vs. reposted?

    Kayser-Bril: About half and half. We are trying to reach the 60% mark of original content. If someone is more of an expert than we are, we just republish his or her article. Not just re-posting it, but fact-checking it, adding images — we really want to add value to cross-posted articles.

    You have a Creative Commons license on your stories. So does that mean anyone can run your stories on their site?

    Kayser-Bril: Of course. Our whole business model is built on the Creative Commons license. On the content side, the more our articles are republished, the happier we are. We don’t have advertising, but we want our articles to be read. Please repost them. On the business side as well, we only use open technologies — HTML and JavaScript and no Flash. And that makes sense because our added value isn’t in the code or software that we build, but how we can answer our clients’ needs and provide them open solutions.

    Kayser-Bril explains how OWNI’s new U.S. site won’t consider other media sites as competition but as partners:

    Can you point to any successes you’ve had in some of your journalism experiments?

    Kayser-Bril: The WikiLeaks project didn’t turn out as well as it could have. One thing we did was rethink the way surveys are made. We worked with a pollster and realized that when a media [outlet] orders a survey, what you get in the paper is a page with two infographics and a pie chart. That’s not enough. We built an app that lets you browse through all the data the pollster gathered to really see in your area what men over 45 thought. What was really successful was we added the possibilitiy for you to take the survey while you were browsing the app.

    That’s extremely interesting in terms of journalism, because you can see what your audience is like compared to the people who took the survey. It’s also interesting in terms of business because one big asset today is having a big database with qualified voters and such an app would be very valuable for many clients.

    > This article was originally published on Mediashift

    > Crédits Photo FlickR CC : Don Solo

    ]]>
    http://owni.fr/2011/03/14/how-french-site-owni-profits-by-giving-away-its-content/feed/ 36
    La Fabrique du DataJournalism http://owni.fr/2010/03/20/la-fabrique-du-datajournalism/ http://owni.fr/2010/03/20/la-fabrique-du-datajournalism/#comments Sat, 20 Mar 2010 16:54:52 +0000 Caroline Goulard http://owni.fr/?p=10503 Le 16 mars chez 22mars. 20 owninautes, héticiens, ou iepétiens (et 1 chien). 3 heures de réunion. 9 projets. Récit de cette journée marathon par Caroline Goulard. Bienvenue dans la Fabrique du DataJournalism !

    im1

    L’équipe :

    Ce mardi là, l’open-space de la soucoupe accueillait donc :

    by_media_diet

    Première étape : quelles idées ?

    Remue-méninge, fond de tiroir, on vide les poches, on pose tout sur la table : on recueille 9 projets de data journalism ayant traversé de près ou de loin l’univers de la soucoupe ces derniers mois.

    Les réalisations :

    Authentique ou retouchée ?

    L’application développée par Nicolas Kayser Bril pour Owni et les Inrock permet d’utiliser les outils des informaticiens légistes pour démasquer les images retouchées par ordinateur. L’outil a généré entre 10 000 et 15 000 utilisations, mais il lui manque peut-être un tutorial ou un scénario ludique pour qu’un large public s’en saisisse.

    Oujevote?

    Une application Facebook est née à partir des données recueillies par l’équipe de data-journalistes d’Owni, avec l’aide  de 200 internautes. Une première étape vers une carte détaillée des bureaux de votes, vers des statistiques électorales géolocalisées ou vers des services sur smartphone.

    > La carte des villes sous vidéosurveillance

    Projet porté et initié par Jean-Marc Manach au sein du Post.fr. La carte est prête, fruit de l’enquête de Jean-Marc et de la participation des internautes, en attente d’être publiée. Un co-branding avec les équipes de la soucoupe afin d’apporter des ressources au projet est à envisager.

    Les idées à concrétiser :

    > Visualiser l’immigration, les expulsions, les SDF ou les morts de la rue

    Des données à agréger depuis différentes sources,  à géolocaliser à toutes les échelles – de la rue à l’Europe -, à placer sur une timeline, à décortiquer en graph social, etc. Bref, des données à faire parler. De la matière première journalistique et un vrai service à proposer aux professionnels (et pro-am) de l’information.

    > Le media ring

    Nous voulons agréger au sein d’un même univers différentes visualisations sur les médias, dont l’infographie sur le poids de la presse au kg réalisée par Elsa Secco, l’application « C’est qui qui paye pour mes infos ? » réalisée par Nicolas Kayser Brill, et un comparateur de popularité des médias sur les réseaux sociaux (en particulier en fonction des fans et interactions sur Facebook). Il existe des Google fights, à nous d’inventer à quoi ressembleront des « medias fights ».

    > Statistiques juridiques

    La base de données Legifrance recense les décrets d’application adoptés ou non, pour chaque loi. Une visualisation bien faite permettrait de matérialiser le décalage entre l’adoption d’une loi et sa mise en application. Cette même base de données pourrait même se révéler très riche pour produire des statistiques sur les lois votées, si seulement ses données étaient mieux structurées. Imaginez quelles histoires nous pourrions raconter à partir de données sur les lois sécuritaires…

    > L’index boursier personnalisé

    Avez-vous déjà croisé un index boursier agrégeant des valeurs par secteur industriel ? Nous non. Et pourtant l’idée semble pleine de promesses : comment évolue la cotation en bourse de l’industrie de la sécurité ? De l’industrie des OGM ? Et si on vous laissait la possibilité de choisir vos valeurs pour créer votre indice boursier personnalisé ?

    > Le comparateur de prix géo-localisé

    Les prix des biens de consommation près de chez vous, accessibles en un clic, et faciles à visualiser.

    > Qui passe à la TV?

    A partir du baromètre de la diversité établi par le CSA, il serait possible de calculer et de visualiser la probabilité de passer à la télé selon ses caractéristiques sociales. Et donc de vous montrer quelles est votre chance de connaître un jour votre quart d’heure de gloire cathodique. L’absence de statistiques ethniques en France rendrait complexe un profilage précis.

    Deuxième étape : quels projets ?

    L’équipe définit trois filtres : un critère de rentabilité économique, un critère de pertinence éditoriale et/ou sociétale et un critère de réalisme. Chaussés de ces nouvelles lunettes, nous auscultons chaque projet, comme si chacun était une entreprise autonome, avec un marché, des opportunités et des voies de sortie à définir.

    3 idées ont résisté à cette épreuve (d’autres sont en cours d’audit avec un « next step » sous 30 jours) :

    -       le media ring

    -       l’index boursier personnalisé

    -       la visualisation de l’immigration, des expulsions, des SDF, des morts de la rue

    > Ça vous donne envie ?

    Une demi-heure de travail plus tard, après avoir imaginé des success stories, des retour sur investissement et des visu bankable, dur atterrissage de la soucoupe : « Au fait, il est où le journalisme de données, dans tout ça ? » (merci Jean-Marc /-) ).

    Promis, on le garde à l’horizon. Mieux, on en fait l’un des diverss réacteurs d’Owni !

    Prochain “grand raout data du 50ter rue de Malte” > première semaine de mai / on vous tient informé ici.

    Et voir sur le même sujet l’interview donnée par NKB à Paul Bradshaw.

    Image: visualisation de la pyramide des usage par Wired, qui commence à dater un peu,mais tourne en ce moment.

    ]]>
    http://owni.fr/2010/03/20/la-fabrique-du-datajournalism/feed/ 22