“Someday Baby” that Kid’ll be Big…

Le 15 octobre 2010

Senbeï, le nouveau Kid de la scène bordelaise nous remplit de joie avec un album dont il est difficile de choisir un seul titre. Une compilation subtile de genres, d’émotions et d’intentions pour un univers unique...

Producteur de musique électronique, turntablist, cinéphile producteur, passionné de culture japonaise, et compositeur talentueux, ce gamin insolent transforme tout ce qu’il touche en or.

L’univers sonore de Senbeï, c’est de la délicatesse, du fabuleux, du scratch et des paillettes, où l’on pourrait croiser Amon Tobin, Björk, Prefuse 73 ou encore edIT.

Après plusieurs collaborations studio (United Fools, Soul Revolution, O2Zen…), un premier album solo « Trouble toys » sur Banzaï Lab en 2008 et quelque scènes prestigieuses aux côtés de Tricky, Dub Pistols, Dj Krush, quelques Ghislain Poirier ou encore Wax Tailor, Senbeï dévoile son nouvel opus : « The Kid » qui défie toute catégorisation.

Toujours avide de bricolages sonores à base de hip hop, de dub, de ballades électro-instrumentales, Senbeï exprime son talent sans complexes sur des platines épanouies : « The Kid » deviendra grand!

Interview:

Quel est ton parcours musical?

J’ai commencé la musique très jeune. De 10 à 15 ans, conservatoire de Paris, j’ai appris le solfège, la guitare classique et le chant en choral.
Tout le monde écoutait beaucoup de musiques très diverses dans ma famille et j’ai beaucoup appris de mon frère, qui était batteur, et qui me laissait taper sur sa batterie quand j’étais tout petit.
Ensuite, en entrant à la fac, je me suis tourné vers la musique électronique, mais en gardant une volonté de live, continuer à jouer. Je me suis acheté une paire de platine. Ca fait maintenant 10 ans que je scratche et 5 ans que je fais de la MAO sérieusement.

Quelles sont tes ambitions?

Comme la plupart des musiciens, je pense: vivre de ma musique en jouant constamment. Aller à droite à gauche, aux quatre coins du monde, ce serait parfait. Devenir intermittent aussi, ce serait un bon début et continuer à travailler en studio le reste du temps. Ne faire que ça, de la musique tout le temps, avec des horaires de bureau, voir pire, des heures sup à gogo!
Que penses-tu d’Internet et de ce que ça a changé par rapport à la musique?
Je pense qu’Internet a tout changé, dans tous les aspects de la musique, que ce soit dans la production d’un album, la vente, les maisons de disque, et même dans la création.
Aujourd’hui, beaucoup de groupes ne sortent plus d’albums, ils sortent seulement des singles, et vivent de leur concerts.

Internet vs Musique?

Avec l’évolution de l’informatique, n’importe qui avec un peu d’oreille et l’envie peut s’improviser musicien, créer ses morceaux et les poster sur youtube ou créer un myspace, se lancer dans sa propre production et démarcher tout seul devant son ordi.

Je dirais qu’Internet a ouvert le monde de la musique; j’ai découvert tellement de musiques et de choses, avec Internet, que je ne pourrais pas dire que ça porte préjudice à la musique.
Le seul regret que j’ai, c’est que Myspace ai tué les sites professionnels des groupes. Plus personne ne va sur ces sites alors qu’à une époque pas si éloignée, on allait encore admirer les sites de Ezekiel ou d’High Tone.

On vend probablement beaucoup moins d’album qu’avant. Les musiciens n’ont qu’à faire comme Bob Dylan, être constamment en tournée! (lol)

De quelle manière fais-tu participer tes fans à ton aventure?

On essaie, mon label Banzaï lab et moi, de donner toutes les informations et l’actualité possibles me concernant via facebook et myspace. Je réponds à tous les messages qu’ont m’envoient si possible.

En concert, j’essaie de leur faire partager ce pourquoi je fais cette musique: le plaisir de raconter des histoires. Si je pouvais donner un concert dans une salle remplie de table rondes et de chaises confortables, ou avec des canapés partout, des gens qui viennent pour écouter avant tout, ça serait le pied! je voudrais les faire réagir comme s’ils étaient au cinéma, qu’ils ressentent différentes émotions, qu’on ressente la même chose, le temps d’un concert.

Es-tu un DJ ou/et musicien? Quelle est la différence selon toi?

Bien que la différence soit énorme, je dirai que je suis les deux. DJ, de part le fait que je scratche beaucoup en live, et j’appelle ça être DJ bien qu’aujourd’hui, n’importe qui qui mixe deux mp3 pourrait s’appeler DJ. Mais bon, j’suis oldschool, j’y peux rien! :p
Je préfère quand même qu’on me prenne pour un musicien, parce que je joue mes morceaux en concert. J’essaie de faire un maximum pour “jouer” en live avec les machines que j’utilise. Je déteste aller voir un concert d’un gars que j’adore et le voir cliquer sur sa souris pendant 1h30…

Depuis quand as-tu pris le parti d’utiliser les réseaux sociaux et de développer ta “présence en ligne” comme un élément de communication ?

Depuis 2005. Quand j’ai commencé à composer sérieusement et sous le nom de Senbeï, j’ai tout de suite crée un myspace après avoir entendu parler du site.
Je trouvais ça fabuleux, avant même d’avoir sorti un album, que les gens puissent entendre mes track, et me donner leur avis. Surtout que sur internet, la critique est variée, et aussi parfois sans pitié. Dans les deux cas, c’est toujours intéressant.
Je pense que tous les musiciens doivent avoir un espace publicitaire sur internet. C’est nécessaire et aujourd’hui, les bookers, les salles de concert s’en servent pour travailler. C’est beaucoup plus simple que d’aller faire la tournée des clubs et laisser des disques partout.
Et puis, c’est gratuit.

Fais-tu un usage différencié de ces différentes plateformes et considères-tu que cela fait partie de ton travail en tant qu’artiste ?

Oui. Avant d’avoir une identité sur le web, j’allais voir des labels et je leur laissais des démos. Ca tombe pas tout seul. Les artistes doivent se bouger les fesses, évidemment! A moins d’être un génie ou d’aller tenter sa chance sur American Idol! :p
Par contre, j’utilise beaucoup moins mon myspace aujourd’hui. Comme ce n’est pas, à la base, un site destiné essentiellement aux musiciens, c’est un peu le bazar, et on se fait spammer sa page de publicités en tout genre, de player ou de vidéos qui se lancent toutes seul, etc…
Je pense que facebook, c’est très bien pour tenir les gens informés. Au moins, c’est eux qui choisissent s’ils veulent être au courant. Et ils peuvent réagir très simplement.

Es-tu toi même lecteur de blogs, et que penses-tu du rapport aux lecteurs, à la communauté, que cela introduit ?

Avant, et ça faisait rêver, on ne parlait pas aux musiciens. Et puis en électro, on ne savait parfois même pas à quoi ressemblaient certains musiciens jusqu’à ce qu’on les voit jouer. Maintenant, on peut leur laisser des commentaires, voir leur photos. Je pense qu’internet a démythifié les musiciens professionnels. Mais bon, si c’est cela, la destinée de la musique, alors soit! :p
Je pense que ça fait plaisir aux gens, moi le premier, de pouvoir rencontrer des personnes qu’on admire, et échanger quelques mots.
Et puis, c’est l’époque qui veut ça, on va dire.
Tout le monde passe tellement de temps sur leurs ordinateurs.

Que penses-tu de la loi Hadopi, et plus généralement des possibilités d’évolution du modèle économique de l’industrie de la musique liées à la dématérialisation des contenus (plateforme de streaming, projets alternatifs) ?

Je pense que la loi Hadopi, c’est une énorme blague, un non sens, ils auraient mieux fait d’appeler ça la loi Utopie!

Ca ne sera jamais mis en place, c’est évident.
Maintenant, c’est facile de pointer du doigt, je ne vends pas énormément de disques, l’argent que je gagne, c’est surtout sur les concerts que je fais. Et je pense que l’avenir des musiciens est là.
Après, à 1 euro le morceau sur iTunes, j’aimerais bien savoir s’il y a vraiment tant de pertes que ça…

Le problème d’Hadopi, et du téléchargement illégal, c’est que ça met des bâtons dans les roues des grosses compagnies. Ca doit être dur à avaler, quand on s’octroie le monopole de la culture, et que d’un coup, elle vous file entre les doigts, quand d’autres font eux même leur publicité pour leur propres produits, sans rien payer en plus!

Hadopi, c’est le dernier souffle d’une industrie en difficulté. Et c’est tant mieux. Fallait pas sortir le best of de la Star Ac’!

Quand mon deuxième album est sorti, il a été rapidement rippé et mis en téléchargement libre sur internet. J’ai retrouvé celui qui l’avait fait, je lui ai laissé un message de remerciement pour avoir spontanément propagé ma musique.

Pour finir, as-tu une date pour la sortie d’un album, des concerts de prévus, un coup de cœur musical à partager ?

Je pense que je ne vais pas sortir d’album “Senbeï” avant un moment et me concentrer sur deux nouveaux projets:
Tout d’abord, “Smokey Joe & The Kid”, de mon label banzaï Lab.
C’est l’occasion de s’amuser, de faire la fête. On se déguise, on fait les fous sur scène. C’est que du bonheur, j’espère qu’on ira loin. Et oui, on a quelques dates de prévues: Les prochaines seront le 20 à Bordeaux, le 23 à Paris et le 28 à Toulouse.
Quant à l’autre projet, eh bien, je peux en profiter pour placer mon gros coup de coeur de l’année, et faire une conclusion idéale: j’ai rencontré cette année un groupe qui s’appelle Tha Trickaz. J’adore ce qu’ils font, ça se rapproche de ce vers quoi je tente d’aller avec Senbeï. Il y a des délires similaires dans nos univers respectifs.

On a bien accroché, et avec l’un des deux musiciens du groupe, on a crée “Tha New Team”. La toute première est pour le 6 novembre au Chaudron, à Melun. C’est parti d’Internet, on verra jusqu’où ça ira…

BANZAI LAB


“Banzaï” pour “longue vie” “Lab” pour “Laboratoire”, voici un nom qui nous rend sensibles, nous, chez OWNImusic. Banzaï Lab est un acteur important de la scène musicale en France. En France parce que la région dans laquelle ils sévissent ne promettait pas un tel succès et certainement pas aussi rapide. En tout juste deux ans, ce Label Bordelais intervient dans le domaine de la production musicale en passant par l’organisation d’événements et de concerts en France et en Europe. Banzai Lab se définit comme un laboratoire musicale à 360°, sachant mêler tradition(s) et modernité : faire une musique originale et actuelle… L’esprit d’innovation et de découverte est requis pour faire partie de cette aventure. Le label est souvent cité comme exemple du renouveau de la scène Bordelaise. En peu de temps, Banzai Lab est devenu indispensable aux jeunes générations bordelaises et alentour et si vous avez le temps de faire un tour voir leur roster, vous y découvrirez une quinzaine de petits diamants que Banzaï saura tailler.

Label à suivre…

A paraître: Le premier opus de Feldub meets Spraggy, le projet solo de Cat’s Eyes, (flûtiste de Wax Tailor, Improvisators Dub, Tony Allen, Emilie Loizeau) et le deuxième album de United Fools incluant des featuring inédits.

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